La scoliose est une pathologie courante en médecine générale, qu’il convient de dépister régulièrement chez tous les adolescents lors de leur visite annuelle. C’est une déviation de la colonne dans les 3 plans de l’espace avec une évolution pendant la période pubertaire. Généralement elle est idiopathique, c’est-à-dire qu’aucune maladie ne cause cette déviation.
Alors voyons qu’est-ce que la scoliose exactement, comment la dépister et quels sont les traitements.
Table des matières
Qu’est-ce que la scoliose?
C’est une déviation permanente de la colonne vertébrale dans les 3 dimensions de l’espace:
- De face: déviation de droite à gauche
- De profil: déviation d’avant en arrière
- En transversal: rotation des vertèbres
La rotation des vertèbres les unes sur les autres entraîne une déformation de la colonne avec des courbures modifiées et des asymétries, qui se dépistent cliniquement. Si elle n’est pas prise en charge, elle peut évoluer avec des angles importants et une déformation majeure, pouvant entraîner des complications notamment pulmonaires, esthétiques, ainsi qu’en terme de douleurs.
Elle se développe pendant la phase de croissance pubertaire donc tous les adolescents doivent avoir leur dos évalué par un professionnel de santé en dépistage afin de ne pas passer à côté pour éviter des scolioses avancées. C’est un trouble de croissance, donc c’est cette dernière qui va aggraver la scoliose. Raison pour laquelle le poids du sac d’école, la posture ou le sport n’ont pas d’impact sur l’évolution de la scoliose.
Les causes de la scoliose
Dans la majorité des cas, la scoliose est dite idiopathique, c’est-à-dire qu’aucune maladie n’est responsable du développement de cette déformation. Il existe cependant une probable prédisposition familiale, car on retrouve souvent plusieurs cas dans une même famille.
Ceci étant, il est important d’avoir éliminé les causes médicales pouvant être à l’origine de cette déviation. Ce sont généralement des maladies rares:
- Causes tumorales: elles sont à évoquer devant des douleurs et une raideur du rachis
- Maladies neuromusculaires
- Dystrophie: Syndrome d’Ehlers-Danlos ou la maladie de Marfan
Epidémiologie
Elle touche entre 0.5 et 2% des enfants entre 8 et 15 ans et concerne principalement les filles dans 80 % des cas.
L’examen clinique de la scoliose
Il permet non seulement de confirmer la scoliose mais aussi de rechercher des signes pouvant évoquer une cause sous-jacente, afin d’éliminer les scolioses secondaires.
- Examen de l’enfant de face et de profil afin de vérifier l’absence d’inégalité de longueur des membres inférieurs. En effet, si une jambe est plus courte que l’autre, va en découler une bascule du bassin et donc une asymétrie de la colonne vertébrale juste au-dessus: c’est une attitude scoliotique. Donc on vérifie l’absence d’asymétrie des épaules, du bassin et des plis derrières les jambes.
- Le fil à plomb: un fil sera tendu à partir du rachis cervical (C7). En l’absence de scoliose, le fil s’aligne sur le pli interfessier. En cas de scoliose, il est décalé et la distance entre les 2 permettra de quantifier le déséquilibre.
- Examen en anteflexion: l’enfant va se pencher en avant tête rentrée en faisant le dos rond et va remonter doucement. Une asymétrie sera visible, avec une “bosse” dans le dos: c’est la gibbosité.
- Recherche de symptômes pouvant évoquer une maladie responsable de la scoliose:
- Scoliose douloureuse
- Raideur rachidienne
- Examen neurologique anormal
- Pied creux
- Taches “café au lait”
- Hyperlaxité ligamentaire
Les examens complémentaires
La radiographie du dos permet de confirmer le diagnostic, d’évaluer la sévérité et de surveiller son évolution. C’est une radiographie du rachis entier qui sera faite, de face et de profil en compensant une éventuelle inégalité de longueur des membres inférieurs.
Cet examen permet de calculer l’angle de Cobb, qui est l’angle formé entre les vertèbres les plus “penchées”. La scoliose est confirmée lorsque l’angle de Cobb est > 10°.
D’autres examens d’imagerie pourront être demandés en cas de suspicion de scoliose secondaire à une maladie, notamment une IRM.
Les traitements de la scoliose
La prise en charge de la scoliose idiopathique va varier en fonction de la sévérité. Les traitements possibles sont:
- La kinésithérapie: une prise en charge par le kiné va permettre de réduire l’asymétrie. Elle est systématique pour des scolioses entre 10 et 20°, mais peut se faire à n’importe quel stade. Elle consiste en une reprogrammation de la posture avec apprentissage de l’auto-aggrandissement, un assouplissement des muscles contractés et un renforcement des muscles moins toniques. De plus, en cas de scoliose dorsale, une rééducation sera faite pour maintenir l’ampliation thoracique pour la respiration.
- Le corset: des corsets rigides faits sur mesure seront fabriqués par des spécialistes sur prescription du médecin (orthopédiste généralement). L’efficacité de ces orthèses dépend directement du temps porté. Cela implique une bonne observance par l’adolescent(e) et donc une bonne compréhension du “pourquoi du comment”. Ils sont généralement prescrits pour une scoliose > 20° chez des enfants avec encore un bon potentiel de croissance. Le corset doit réduire la courbure de plus de 50 % et peut se porter jusqu’à 18h par jour.
- La chirurgie: elle est proposée chez des enfants ayant une scoliose avec un angle de plus de 40° pendant la croissance et de plus de 45° à maturité squelettique.
Le suivi de la scoliose
Il est important de surveiller régulièrement la scoliose car elle peut être évolutive et s’aggraver. Elle se surveille tous les 3 à 6 mois en fonction de la sévérité et du traitement avec un contrôle clinique et radiologique. Cela permet d’adapter la thérapeutique, d’évaluer l’évolutivité et l’efficacité des traitements.
Conclusion
La scoliose est donc assez fréquente en cabinet de médecine générale et tout adolescent doit avoir un examen de son dos tous les ans afin de la dépister pour éviter d’éventuelles complications plus tard. Plus elle est prise tôt, plus le traitement sera simple et moins contraignant.
Bibliographie