Le sucre, besoin, poison ou addiction?

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Il est évident aujourd’hui que nous mangeons beaucoup trop et de plus en plus mal. Comment le sucre a-t-il pu passer d’une substance indispensable auparavant pour la survie de l’être humain à un véritable poison aujourd’hui? Nous faisons face à un taux d’obésité de plus en plus important, un nombre de diabète grandissant ainsi qu’une explosion de toutes les maladies cardiovasculaires (hypertension artérielle, accident vasculaire cérébral, infarctus..). L’excès de sucre est en partie responsable de tout cela, alors voyons cela de plus près. Qu’est-ce-que le sucre exactement, quel est son impact sur nous et existe-t-il une addiction à cette molécule?

Les différents types de « sucre »

Ils sont indispensables à notre fonctionnement, notamment pour notre cerveau. Même les personnes atteintes de diabète (trop de sucre dans le sang) ne doivent pas éliminer définitivement tous les sucres de leur alimentation. Il existe différents types de glucides, qui vont avoir un impact direct sur le taux de sucre dans le sang. Voyons cela de plus près.

Les glucides simples

Ils sont composés de une à deux molécules de sucre. Ils comprennent le fructose (sucre naturel des fruits), le lactose, le saccharose, le glucose ou encore le sucrose. Ces sucres simples peuvent être d’origine naturelle, par exemple dans les fruits, le lait, les yaourts, le sirop d’érable ou encore le miel par exemple. Ou alors, ils peuvent être « ajoutés », comme le sucre blanc, la cassonade et toutes les pâtisseries faites avec ces sucres. Voici des exemples de sucres ajoutés et édulcorants que vous pouvez trouver sur les étiquettes des produits que vous achetez: glucose, fructose, dextrose, sucrose, glucose-fructose, sirop de maïs, sirop de malt, sirop de glucose. Ces sucres ajoutés doivent être limités au maximum voire même bannis. Ils sont absorbés rapidement par l’organisme et se retrouvent donc très vite dans le sang. Ils ont donc généralement un fort index glycémique.

Les glucides complexes

Ils sont composés d’une longue chaîne de sucre. Ils sont souvent appelés « amidon ». On les retrouve dans les produits céréaliers, comme les pâtes, le riz, mais aussi dans les légumineuses comme les lentilles, ou encore dans les pommes de terre, le maïs et les courges. Ces sucres complexes ne sont pas digérés directement et doivent subir un processus afin de pouvoir être absorbés par notre organisme. C’est pour cela qu’ils sont absorbés plus lentement et qu’ils entraînent une hausse de glycémie moins élevée qu’avec les glucides simples. L’absorption plus lente est généralement associé à un index glycémique moins important.

 

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Les fibres alimentaires

Elles sont présentent dans les fruits, les légumes, les légumes secs. Elles ont la particularité de ne pas être digérées par l’organisme, ce qui permet donc de diminuer l’effet hyperglycémiant. Elles ralentissent le transit intestinal et donc permettent de ralentir l’absorption des autres types de glucides.

C’est pour cela qu’il est recommandé d’avoir des repas diversifiés en associant des glucides simples mais aussi complexes avec des fibres (ainsi que des lipides et des protéines) pour avoir un index glycémique au final le plus bas possible pour éviter d’avoir des pics trop importants de taux de sucre dans le sang.

Le rôle du sucre dans l’organisme

C’est sous la forme de glucose que votre organisme va utiliser les glucides. Le glucose est directement utilisé pour fournir de l’énergie à vos cellules et à votre corps tout entier pour fonctionner grâce à un phénomène que l’on appelle la glycolyse. Alors voyons déjà le trajet des sucres après les avoir avalés:

Circuit du sucre

Les glucides sont déjà préfragmentés dans la bouche par la salive. Arrivés dans l’intestin grêle, ces glucides seront transformés en sucre simples assimilables par votre organisme. Ils sont donc absorbés à ce niveau là pour aller directement dans la circulation sanguine et arriver au niveau du foie. A ce niveau, le foie va transformer tous les sucres simples en glucose. 20% du glucose va repartir directement pour aller fournir les besoins en énergie pour votre corps. Les 80% restants sont stockés sous forme de glycogène. Ce sont les réserves de votre corps en sucre.

Rôles du sucre

Les sucres ont différents rôles dans le fonctionnement de votre organisme:

  • Réserve d’énergie: ils sont les fournisseurs d’énergie pour toutes les cellules de votre corps. L’insuline permet au sucre de rentrer dans les cellules pour qu’il puisse être directement utilisé. C’est pour cela que le taux de sucre augmente lorsque votre corps développe une résistance à l’insuline. Les cellules résistent à cette hormone et donc le glucose ne rentre pas et reste dans la circulation sanguine, d’où un taux élevé dans le sang.
  • Ils sont satiétogènes: c’est-à-dire qu’ils ont un rôle d’information sur la satiété. Ils envoient le message que vous n’avez plus faim. C’est pour cela qu’il est important de manger des glucides à tous les repas pour envoyer le signal que vous n’avez plus faim.
  • Indispensables pour le cerveau: le sucre est vital pour votre fonctionnement cérébral, notamment pour tout ce qui concerne la mémoire. On est toujours plus efficaces après un petit-déjeuner..
  • Activité physique: ils sont indispensables en cas d’activité physique car votre corps va avoir besoin de plus d’énergie que d’habitude. Si vous faites du sport intensif sans avoir petit-déjeuner le matin, vous risquez de faire une hypoglycémie et de faire un malaise. Il est donc logique d’apporter plus de glucides en cas d’activité physique envisagée

En dehors de votre organisme, les sucres sont beaucoup utilisés par l’industrie agroalimentaire comme

  • Exhausteur de goût
  • Conservateur
  • Colorant
  • Afin de modifier les caractéristiques organoleptiques de certains produits de mauvaise qualité. C’est-à-dire que des sucres sont rajoutés pour stimuler et modifier l’apparence, le goût, l’odeur ou encore la texture de certains produits pour mieux convenir à votre palais…. Ils sont utilisés entre autre également pour modifier la  densité des produits afin d’obtenir la norme de densité de 1,32 fixée par la pharmacopée européenne.

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N’oublions pas que le but de l’industrie agroalimentaire est de réduire les coûts de production et de majorer ses gains… Son but n’est pas de vous délivrer des produits alimentaires de bonne qualité!! Voilà pourquoi le fait maison est toujours meilleur..mais aussi parfois plus cher. Bannir les plats touts préparés est indispensable pour votre santé. Parce qu’il y a non seulement le sucre, mais n’oubliez pas le sel!! C’est sur un autre registre mais tout aussi dangereux.

Les impacts du sucre sur notre organisme

Nous consommons en moyenne un peu plus de 20 Kg de sucre par personne et par an! 10 Kg sont issus de la consommation personnelle dans votre quotidien et les 10 autres Kg proviennent de l’industrie agroalimentaire! C’est vous dire l’intoxication chronique abusive dont vous êtes victimes…

Sur le plan organique

  • Le surpoids et l’obésité: le sucre a évidemment un rôle à jouer dans le développement du surpoids en France, qui est en augmentation croissante. Ce n’est pas le seul facteur. L’obésité est liée non seulement à une mauvaise qualité de l’alimentation, mais aussi à des grignotages entre les repas, une sédentarisation de la population et également un problème de quantité.
  • Le diabète: le nombre de diabète est de plus en plus important en France. Trop de sucre « à la longue » va finir par d’une part épuiser votre pancréas et développer progressivement un diabète avec un taux de sucre trop élevé dans le sang. Cela va finir par avoir des répercussions au niveau de vos yeux, vos reins, vos nerfs, votre coeur…. Il est vital d’anticiper et de prévenir cette maladie vicieuse car silencieuse.
  • Les caries: Il n’est plus à démontrer le rôle du sucre dans les caries chez les enfants et adultes.
  • Le cancer: Il y a de plus en plus de cancer également dans notre société. Les origines et les causes sont multifactorielles et le sucre n’est pas « la cause » de votre cancer. Par contre, une fois développé, le sucre va nourrir votre cancer et favoriser son développement. Les cellules cancéreuses raffolent de sucre, c’est d’ailleurs pour cela que l’on fait des PET-scan: ce sont des scanners qui utilisent comme traceur un dérivé du glucose marqué au fluore radioactif qui va se fixer sur les cellules qui consomment beaucoup de glucose, comme les cellules cancéreuses.
  • La peau: altération de l’élasticité à long terme
  • Au niveau du foie: trop de sucre finit par endommager les cellules hépatiques
  • Au niveau cérébral: même s’il est le carburant principal de notre cerveau, le sucre en excès est délétère au niveau cérébral.
  • Perturbation de la flore digestive
  • Favorise le développement des champignons et des bactéries: arrêter le sucre et vous aurez moins de mycoses…

Voici les principales « conséquences », mais le sucre est vraisemblablement un facteur de risque de bien d’autres déséquilibres dans le corps, pouvant conduire à une majoration du risque cardiovasculaire dans son ensemble et à intervenir au niveau de tous les organes en général avec des effets néfastes liés à une quantité excessive.

Au niveau neurologique

Le sucre utilise les mêmes voies du système cérébral du plaisir au même titre que les autres substances qui déclenche la sensation de plaisir. C’est principalement le système dopaminergique qui est mis en jeu. Les principales localisations cérébrales touchées dans ce circuit du plaisir et de la récompense sont l’Aire Tegmentale Ventrale, le Noyau Accumbens pour les deux principales. Mais il y a également les amygdales (dans le cerveau..) et le cortex pré-frontal qui entrent en jeu dans ces circuits. En résumé extrêmement simplifié, l’absorption de sucre va déclencher un certain niveau de satisfaction qui va entraîner la libération de dopamine, responsable du plaisir.

Il n’y a pas de voies spécifiques neuronales pour le sucre en particulier. Les circuits neuronaux du plaisir sont les mêmes quelque soient les facteurs déclenchants.

Parallèlement à la dopamine, la sérotonine a un rôle important plus particulièrement pour les sucres. En effet, les glucides contiennent du tryptophane, acide aminé indispensable pour la fabrication de la sérotonine. Cette dernière permet entre autre de réguler les émotions, d’avoir un effet apaisant et régule également la satiété, c’est-à-dire la sensation de faim.

Et enfin, les sucres ingérés déclenchent également la sécrétion d’endorphines naturelles, qui sont aussi responsables de la sensation de plaisir.

Addiction au sucre?

Le terme d’addiction à la nourriture s’est beaucoup développé ces dernières années. Aux Etats-Unis, à la fin des années 80, a été fondée une association pour les personnes souffrant d’addiction à la nourriture, sur le même concept que l’association des alcooliques anonymes. C’est la Food Addict Anonymous.

Ce concept d’addiction à la nourriture se base sur l’hypothèse que la prise de certains aliments, entre autre le sucre, entraineraient des réactions similaires que des substances addictives en empruntant les même réseaux neuronaux.

Ce concept est reconnu dans les critères du DSM-V et est à différencier de la boulimie. La boulimie se définit quand à elle, par une prise alimentaire excessive sur un temps donné restreint avec une perte de contrôle. Déclenché par des état émotionnels intenses, elles sont compensées par des comportements autres (vomissements par exemple) et donc les personnes souffrant de boulimie ont un poids normal.

Par ailleurs certaines personnes peuvent souffrir d’une répétition importante de ces crises, c’est ce que l’on appelle l’hyperphagie boulimique (Big Eating Disorder). Ces personnes, par contre, ont généralement un surpoids.

La limite entre cette hyperphagie boulimique et l’addiction à la nourriture est discutable et certains auteurs d’ailleurs considèrent l’addiction à la nourriture comme une sous-catégorie de l’hyperphagie boulimique avec en plus un certain critère de sévérité.

Et enfin, il a été décrit dans certaines travaux que les personnes souffrant d’hyperphagie boulimique augmentaient progressivement leur quantité de nourriture pour obtenir les mêmes effets. Cela illustre bien le phénomène d’accoutumance et de tolérance présent dans de nombreuses addictions.

En ce qui concerne le sucre, pour les personnes qui ont déjà passé la cap d’arrêter les sucreries, les grignotages et les plats de l’industrie agro-alimentaire, il existe à minima quelques symptômes les deux ou trois premiers jours d’arrêt, comme des maux de tête, une fatigue, des vertiges, des sensations d’hypoglycémies… C’est bien le signe d’une habitude enregistrée dans votre corps. C’est comme un syndrome de sevrage. Ceci étant, cela disparait très rapidement et l’arrêt du sucre entraîne ensuite une diminution de la sensation de faim, disparition des envies de sucre, moins de fatigue avec plus d’énergie et de légèreté…

 

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Il existe donc un certain nombre d’arguments en faveur d’une addiction au sucre malgré tout, même si les recherches doivent continuer dans le domaine.

LaYale Food Addiction Scale (YFAS) a élaboré en 2009 un questionnaire permettant d’évaluer la probabilité ou non d’une addiction à la nourriture. Vous pouvez téléchargez ce questionnaire pour vous auto-évaluer si vous le souhaitez.

YFAS questionnaire addiction nourriture

Conclusion

Le sucre est indéniablement un puissant stimulateur du système neurologique de récompense et de plaisir. Reste à savoir si l’addiction est liée à la substance « glucose » en elle-même ou si c’est une addiction comportementale… En tout cas, les études sont de plus en plus nombreuses et la recherche doit encore avancer pour reconnaitre et confirmer ce diagnostic d’addiction à la nourriture et donc au sucre. Mais quelque soient les avancées de la recherche, la consommation de sucre en quantité excessive a des répercussions organiques suffisantes pour passer à l’action… Passer à l’action non seulement sur le plan « nourriture », mais aussi et surtout sur le plan émotionnel pour identifier les blessures et traumatismes responsables de ce comportement irrationnel.

Sources:

https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01565259/document

https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2015/revue-medicale-suisse-467/l-addiction-a-la-nourriture

http://www.applis.univ-tours.fr/scd/Medecine/Theses/2014_Medecine_JourniacKevin.pdf