En France, le cancer du pancréas est relativement rare par rapport à d’autres types de cancer, mais il reste très grave en raison de son taux de survie globalement faible. Chaque année, en France, environ 12 000 à 15 000 nouveaux cas de cancer du pancréas sont diagnostiqués chaque année.
Le cancer du pancréas, un des plus redoutables types de cancer, demeure largement résistant à la chimiothérapie conventionnelle. Toutefois, une lueur d’espoir brille désormais grâce à une percée majeure dans le domaine de la thérapie génique, élaborée par des chercheurs et cliniciens basés à Toulouse. Leur approche novatrice, développée sur une période de plus de 25 ans, pourrait révolutionner la manière dont ce cancer est traité.
Progrès scientifiques
Le parcours vers cette découverte remarquable a commencé entre 1996 et 2006, lorsque deux découvertes clés ont jeté les bases de ces travaux. Les équipes de chercheurs dirigées par Pierre Cordelier, Fabian Gross et Louis Buscail de l’Inserm à Toulouse ont identifié des gènes dont l’expression est altérée dans les tumeurs pancréatiques, ce qui rend ces cancers résistants à la chimiothérapie classique. Cette résistance est un obstacle majeur à l’efficacité des traitements.
Les chercheurs ont identifié trois gènes spécifiques – responsables de la synthèse du récepteur de somatostatine SSTR2, de la protéine désoxycytidine kinase (DCK) et de l’uridylate monophosphate kinase (UMK) – et ont compris leur mécanisme d’action. L’expression de ces gènes contribue à réduire l’agressivité des tumeurs et à accroître leur sensibilité à la chimiothérapie. Ils ont ensuite développé un système appelé CYL-02, qui consiste en une molécule d’ADN circulaire porteuse de ces gènes, complexée à un vecteur non viral. Cette approche permet l’administration directe dans les tumeurs des patients sans recourir à la chirurgie.
Le traitement génique CYL-02 est injecté dans les tumeurs via une endoscopie guidée. Parallèlement, une chimiothérapie à base de gemcitabine est administrée. Cette combinaison améliore l’efficacité de la chimiothérapie seule. Ce processus, allant de l’identification des gènes d’intérêt aux premiers résultats positifs chez l’homme, a nécessité plus de dix ans de travail acharné.
Essais cliniques
Avant de tester le traitement chez des patients, des essais précliniques ont été menés sur des modèles animaux. Ils ont permis de déterminer la distribution, la toxicité et l’efficacité du traitement. En 2010, les essais cliniques de phase 1 ont commencé sur 22 patients, permettant de déterminer la dose optimale et de détecter des signes d’efficacité. Cette étape a ouvert la voie à la phase 2, impliquant 70 patients répartis en deux groupes. Un groupe a reçu la chimiothérapie seule, tandis que l’autre groupe a reçu le traitement génique en plus de la chimiothérapie. Les résultats de cette étude sont actuellement en cours d’analyse.
Cette avancée marque une nouvelle ère pour le traitement du cancer du pancréas. Elle est le fruit de la persévérance des chercheurs, des essais précliniques rigoureux et d’une approche innovante basée sur la thérapie génique. Les progrès réalisés dans cette étude pourraient également ouvrir la voie à de nouvelles méthodes de traitement basées sur des virus oncolytiques, capables d’infecter et de détruire spécifiquement les cellules cancéreuses du pancréas. Ce développement prometteur pourrait changer la donne pour les patients atteints de ce cancer redoutable.