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Dans une initiative révolutionnaire, le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Nîmes a lancé une étude pionnière sur l’effet de la psychothérapie assistée par psilocybine, la substance active des champignons hallucinogènes, chez des patients souffrant de troubles de l’usage de l’alcool. Cette initiative est dirigée par la psychiatre addictologue Amandine Luquiens.
La psilocybine est une substance psychédélique naturelle présente dans certains champignons, notamment les champignons hallucinogènes du genre Psilocybe. Ces champignons, également appelés « champignons magiques », ont été utilisés rituellement et culturellement par diverses sociétés à travers l’histoire pour leurs effets psychédéliques.
Structure chimique : La psilocybine est un tryptamine hallucinogène qui appartient à une classe de composés chimiques appelée tryptamines. Chimiquement, elle est étroitement liée à la sérotonine, un neurotransmetteur impliqué dans la régulation de l’humeur, du sommeil et de divers processus neurologiques.
Effets pharmacologiques : Lorsque la psilocybine est ingérée, elle est rapidement métabolisée dans l’organisme en psilocine, qui est la forme active de la substance. La psilocine agit principalement en se liant aux récepteurs de la sérotonine dans le cerveau, en particulier aux récepteurs 5-HT2A. Cette interaction provoque des altérations profondes de la perception sensorielle, de la pensée et de la conscience, entraînant des hallucinations visuelles, auditives et sensorielles, ainsi que des changements dans la perception du temps et de l’espace.
Effets psychologiques : Les effets psychologiques de la psilocybine peuvent varier considérablement d’une personne à l’autre et sont souvent influencés par des facteurs tels que l’état émotionnel, l’environnement et les attentes. Certains utilisateurs décrivent des expériences profondes et mystiques, des insights spirituels et une sensation d’unité avec le monde qui les entoure. D’autres peuvent ressentir de l’anxiété, de la confusion ou des épisodes de panique, en particulier en cas de consommation dans un environnement non sécurisé ou lors d’une utilisation non supervisée.
Utilisations thérapeutiques potentielles : Bien que la psilocybine soit principalement connue pour ses effets psychédéliques récréatifs, elle suscite un intérêt croissant en tant qu’outil thérapeutique potentiel. Des études préliminaires suggèrent que l’utilisation de la psilocybine dans le cadre de la psychothérapie peut être bénéfique pour traiter divers troubles mentaux, tels que la dépression, l’anxiété, le trouble de stress post-traumatique (TSPT) et la dépendance à certains substances.
Réglementation et sécurité : La psilocybine est classée comme substance illicite dans de nombreux pays, y compris la plupart des États membres de l’ONU. En raison de ses effets psychoactifs puissants et de son potentiel d’abus, sa possession, sa production et sa distribution sont strictement réglementées. Il est important de souligner que la consommation de psilocybine comporte des risques pour la santé mentale et physique, en particulier en cas d’utilisation irresponsable ou excessive. Les expériences psychédéliques doivent être entreprises avec prudence et idéalement sous la supervision d’un professionnel de la santé qualifié.
Menée à l’Hôpital de réadaptation, de rééducation et d’addictologie du Grau-du-Roi (Gard), l’étude vise à évaluer la faisabilité et l’acceptabilité de ce traitement auprès d’un groupe de 30 patients atteints de troubles de l’usage de l’alcool associés à la dépression. Les critères d’inclusion ciblent spécifiquement les patients présentant une addiction sévère à l’alcool avec une persistance des symptômes dépressifs post-sevrage, un facteur de risque important de rechute.
Les psychédéliques, agissant sur les récepteurs de la sérotonine, sont considérés comme offrant des avantages distincts par rapport aux antidépresseurs traditionnels. Une étude publiée dans Scientific Reports a récemment révélé des modifications de l’activité cérébrale chez des patients alcoolodépendants ayant reçu une psychothérapie assistée par psilocybine. Ces résultats suggèrent une amélioration de la régulation émotionnelle et une diminution des symptômes de sevrage.
L’équipe médicale encadrant l’étude insiste sur l’importance d’une prise en charge psychothérapeutique étroite avant, pendant et après les sessions de psilocybine. Chaque patient reçoit deux prises de psilocybine à trois semaines d’intervalle, tout en bénéficiant d’un programme intensif de prévention de la rechute d’alcool. Le suivi médical est essentiel pour minimiser les risques, notamment émotionnels, associés à cette approche.
Cette expérimentation marque un tournant dans la médecine psychédélique en France. Le regain d’intérêt pour les psychédéliques comme traitement potentiel des troubles mentaux est corroboré par un appel récent à la recherche supplémentaire lancé par des experts européens dans The Lancet. La question demeure : les psychédéliques deviendront-ils un jour une composante standard de la thérapie psychiatrique?
Pour les personnes intéressées à participer à l’étude, le CHU de Nîmes recherche activement des volontaires.
Médecin généraliste de formation, diplômée de médecine manuelle (ostéopathie), je souhaite que vous ayez toutes les clés en main pour appréhender votre santé
