L’aspartame: dernières décision selon l’OMS

l-aspartam-est-il-cancerigene-pour-l-homme?

L’aspartame a fait l’objet de nouvelles évaluations récentes, quand à son risque cancérigène. Largement utilisé aujourd’hui, c’est un édulcorant artificiel, également connu sous le code E951. Il est utilisé comme substitut du sucre pour donner une saveur sucrée aux aliments et aux boissons sans les calories supplémentaires du sucre. Il a un pouvoir sucrant environ 200 fois supérieur à celui du sucre, ce qui signifie que de petites quantités sont nécessaires pour obtenir le même niveau de sucré.

Alors qu’est-ce que l’aspartame et quelle est son évaluation?

L’aspartame, c’est quoi?

Définition

L’aspartame est composé de deux acides aminés, l’acide aspartique et la phénylalanine, liés à un méthanol. En raison de la présence de phénylalanine, l’aspartame est déconseillé pour les personnes atteintes de phénylcétonurie (une maladie héréditaire rare qui affecte le métabolisme de la phénylalanine).

L’aspartame a été découvert en 1965 par James Schlatter, un chimiste travaillant pour la société G.D. Searle & Company. Son pouvoir sucrant a été remarqué de manière accidentelle lorsqu’il a goûté accidentellement le produit qu’il était en train de synthétiser. La commercialisation de l’aspartame a pris du temps en raison de préoccupations initiales concernant sa sécurité.

Autorisation de mise sur le marché

La toute première autorisation de mise sur le marché de l’aspartame a été accordée aux Etats-Unis par la Food and Drug Administration (FDA) en 1974. Cette autorisation a été suspendue quelques mois plus tard suite à la publication d’études expérimentales qui concluaient à de possibles effets toxiques et cancérogènes sur le cerveau. En 1981, après de nouvelles études chez le rat, la FDA a accordé de nouveau l’autorisation de mise sur le marché de l’aspartame dans les aliments solides. Deux ans plus tard, en 1983, cette autorisation a été élargi aux boissons gazeuses. A partir de 1996, l’aspartame a été accepté comme édulcorant général.

En France, l’aspartame a été autorisé à partir de 1988 et son emploi en tant qu’édulcorant en 1994 par la directive 94/35/CE relative aux édulcorants destinés à être employés dans les denrées alimentaires. En Europe, il a été autorisé pour la première fois en 1981 par le Royaume-Uni, suivi de l’autorisation de l’ensemble de la Communauté économique européenne en 1984.

Depuis lors, l’aspartame est largement utilisé dans une variété de produits alimentaires et de boissons « sans sucre » ou « allégés en calories », tels que les boissons gazeuses, les desserts, les chewing-gums, les produits laitiers, les poudres pour boissons, les édulcorants de table, etc. Il reste cependant l’objet de débats et de controverses concernant sa sécurité à long terme, malgré les évaluations réalisées par des organismes de réglementation et de santé, comme le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Évaluation de l’aspartame

Les évaluations sur les effets sur la santé de l’aspartame ont été réalisées par deux organismes réputés : le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et le Comité mixte d’experts des additifs alimentaires de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Classification et dose

Le CIRC a classé l’aspartame dans le groupe 2B, ce qui signifie qu’il est « peut-être cancérogène pour l’homme ». Cette classification est basée sur une « indication limitée » de cancer chez l’homme, en particulier pour le carcinome hépatocellulaire, un type de cancer du foie. Il existe également une « indication limitée » de cancer chez l’animal de laboratoire, ainsi qu’une « indication limitée » concernant les mécanismes possibles d’action cancérogène. Cela indique que les preuves scientifiques disponibles ne sont pas encore suffisantes pour déclarer avec certitude que l’aspartame est un agent cancérogène, mais qu’il existe des signaux sérieux qui nécessitent des recherches supplémentaires.

Le Comité mixte, quant à lui, a réaffirmé la dose journalière admissible (DJA) de l’aspartame à 40 mg par kilogramme de poids corporel. La DJA est la quantité d’un additif alimentaire qu’une personne peut consommer chaque jour tout au long de sa vie sans risque appréciable pour sa santé. Pour un adulte pesant 70 kg, cela signifie qu’il peut consommer en toute sécurité jusqu’à 2,8 grammes d’aspartame par jour. Cette quantité est généralement considérée comme bien supérieure à celle que la plupart des gens consomment régulièrement dans leur alimentation quotidienne.

 

l-aspartame-est-il-dangereux-pour-l-homme?

Les études

Les études ont également identifié certains effets potentiels de l’aspartame sur la santé. Des preuves de stress oxydatif, d’inflammation chronique et de l’apport en nutriments ont été observées. Cependant, les preuves de génotoxicité, c’est-à-dire la capacité de l’aspartame à générer des lésions irréversibles du génome, n’ont pas été jugées concluantes.

De nombreuses études ont déjà été réalisées, mais d’autres études seront nécessaire pour prouver un lien statistiquement significatif entre aspartame et cancer.

Il est essentiel de noter que la classification du CIRC et la réaffirmation de la DJA par le Comité mixte ne sont pas en contradiction. La classification 2B du CIRC signifie simplement que des signaux indiquant un potentiel cancérogène ont été détectés, mais qu’ils ne sont pas encore suffisamment solides pour classer l’aspartame comme cancérogène certain.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a entrepris une évaluation des bénéfices et des risques liés aux édulcorants dits « intenses » avec un groupe d’experts scientifiques (affilié au Comité d’Expert Scientifique « Nutrition humaine » de l’Anses). Les principaux objectifs de ce groupe d’experts sont les suivants :

  • Faire un bilan des données disponibles concernant la composition des édulcorants, leur consommation par la population et les niveaux d’exposition.
  • Identifier d’éventuels bénéfices et/ou dangers nutritionnels liés à la consommation de ces édulcorants.
  • Formuler des recommandations spécifiques pour les populations sensibles, notamment les femmes enceintes.

En parallèle, le Parlement européen s’est montré prudent et la Commission Environnement et Santé a adopté un amendement visant à rendre obligatoire l’étiquetage de près de 6000 produits contenant de l’aspartame, dans le but d’informer les femmes enceintes sur sa présence.

En décembre 2013, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a publié la première évaluation complète des risques associés à l’aspartame. Les conclusions de l’EFSA indiquent que l’aspartame et ses produits de dégradation sont considérés comme sûrs pour la consommation humaine aux niveaux actuels d’exposition. Pour cette évaluation, l’EFSA a minutieusement examiné toutes les études scientifiques disponibles sur l’aspartame et ses produits de dégradation, tenant compte des études sur l’animal et sur l’homme. Les experts ont conclu que la dose journalière acceptable (DJA) actuelle de 40 mg/kg de poids corporel/jour était adéquate pour protéger la population générale. Cependant, il est important de noter que les personnes atteintes de phénylcétonurie (PCU), un trouble médical lié à l’incapacité de métaboliser la phénylalanine présente dans les protéines, doivent observer un régime alimentaire strictement faible en phénylalanine, ce qui rend la DJA inapplicable pour elles.

Les experts de l’EFSA n’ont pas retenu le risque cancérigène de l’aspartame: ils estiment qu’au vue des données, l’aspartame n’endommage pas les gènes et qu’il n’affecterait ni le cerveau, le système nerveux, ni le comportement ou le fonctionnement cognitif chez les enfants et les adultes.

En ce qui concerne les femmes enceintes, le groupe scientifique a noté qu’il n’existait pas de risque de développement fœtal suite à une exposition à la phénylalanine dérivée de l’aspartame, aux niveaux de la DJA actuelle.

Enfin, l’avis de l’EFSA a souligné que les produits de dégradation de l’aspartame tels que la phénylalanine, le méthanol et l’acide aspartique sont également présents naturellement dans d’autres aliments, avec une contribution faible à l’exposition alimentaire globale à ces substances.

Conclusion

En résumé, les évaluations sur l’aspartame soulèvent des questions concernant son potentiel cancérogène, mais elles ne permettent pas de conclure définitivement que l’aspartame est un agent cancérogène pour l’homme. Les preuves scientifiques disponibles indiquent que l’aspartame peut être consommé dans les doses couramment utilisées. Cependant, les agences de santé continuent de surveiller les nouvelles données probantes et encouragent les recherches indépendantes supplémentaires pour mieux comprendre les effets potentiels de l’aspartame sur la santé humaine.