Le Syndrome d’Apnée du Sommeil, qu’est-ce que c’est?

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Le syndrome d’apnée du sommeil est une diminution de la ventilation pendant le sommeil. Il est de plus en plus important dans notre population. La prévalence, déterminée à partir de plusieurs études épidémiologiques, montre une disparité selon le sexe: elle est plus importante dans la population générale masculine allant de 10 à 17%, contre 3 à 9% dans la population féminine. Ce trouble se manifeste par différents symptômes décrits plus bas avec un diagnostic qui repose sur le nombre d’apnée ou d’hypopnée par heure. Deux traitements principaux sont proposés en fonction de la sévérité du syndrome. Alors découvrons ensemble toutes ses caractéristiques.

Qu’est-ce que le syndrome d’apnée du sommeil?

Définition

Le syndrome d’apnée du sommeil ou SAHOS (syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil) se caractérise par une diminution voire même parfois une interruption de la ventilation pendant le sommeil: c’est-à-dire que la respiration ne se fait plus correctement avec un blocage partiel voire total du passage de l’oxygène dans les voies respiratoires pendant un certain laps de temps.

On distingue:

  • Les apnées: elles se définissent par un arrêt du flux respiratoire d’une durée supérieure à 10 secondes. Parmi ces apnées, il peut y avoir persistance ou non des efforts de ventilation, ce qui permet de distinguer:
  1. Les apnées obstructives : c’est un arrêt du flux aérien avec persistance d’efforts ventilatoires pendant l’apnée
  2. Les apnées centrales : c’est un arrêt du flux aérien avec absence d’efforts ventilatoires pendant l’apnée
  3. Les apnées mixtes : l’apnée débute comme une apnée centrale mais se termine avec des efforts ventilatoires
  • Les hypopnées:  ce sont des formes incomplètes d’apnée, qui ont une durée d’au moins 10 secondes avec une diminution du débit ventilatoire associé ou non à une baisse de la saturation en oxygène

Les apnées et les hypopnées sont responsables de micro-éveils et d’hypoxémie, c’est-à-dire d’un taux bas en oxygène dans le sang.

À partir de ces définitions, on calculera un index d’apnée-hypopnée (IAH), qui correspond à la somme d’apnées et d’hypopnées par heure de sommeil. Cela permet d’établir la sévérité du syndrome d’apnée du sommeil.

Mécanisme

Le syndrome d’apnée du sommeil est dû à la compression transitoire du pharynx en regard du voile du palais et/ou en arrière de la base de la langue.

  • En temps normal: le pharynx est maintenu ouvert grâce à la contraction de certains muscles.
  • En cas de syndrome d’apnée du sommeil, le tonus musculaire est plus bas, donc les muscles moins contractés, ce qui aboutit à d’une part une vibration des parties molles qui entraîne les ronflements et d’autre part à la diminution du diamètre du pharynx, responsable de l’hypopnée voire de l’apnée en cas de collapsus complet.

 

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Les causes pouvant expliquer cette baisse de tonus et ce phénomène de collapsus du pharynx sont les suivants:

  • Le surpoids et l’obésité avec des infiltrations graisseuses des parois pharyngées qui entraînent un rétrécissement du diamètre du pharynx
  • Une macroglossie, c’est-à-dire une grosse langue
  • Une hypertrophie amygdalienne: de grosses amygdales peuvent participer au phénomène
  • Des anomalies maxillo-faciales, comme une rétromandibulie, une micrognathie…
  • Des facteurs extérieurs, comme une consommation d’alcool, de benzodiazépines, la posture sur le dos pendant le sommeil ou encore une privation de sommeil

Les facteurs de risque

Il existe plusieurs facteurs de risque reconnus pour favoriser le développement du syndrome d’apnée du sommeil:

  • Le sexe: le syndrome d’apnée du sommeil touche plus les hommes que les femmes
  • L’âge: la prévalence augmente avec l’âge
  • L’obésité: c’est le facteur de risque le plus important. L’excès de tissus mous autour des parois pharyngées diminue le volume du pharynx
  • L’hérédité: les parents au premier degré des personnes présentant un syndrome d’apnée du sommeil ont plus de risque d’être atteints. De plus, cette susceptibilité familiale augmente avec le nombre de parents atteints.
  • La morphologie crânio-faciale et l’origine ethnique: les profiles afro-américains et la morphologie crânio-faciale d’Exrême-Orient sont plus à risque de développer des syndromes d’apnée du sommeil
  • Le tabac et l’alcool: la prise d’alcool avant le sommeil augmente le nombre d’hypopnée ainsi que leur sévérité. Le tabac augmente également le risque de syndrome d’apnée du sommeil

Quels sont les symptômes du syndrome d’apnée du sommeil?

En présence d’un syndrome d’apnée du sommeil, il est possible d’avoir des symptômes nocturnes et diurnes.

Symptômes nocturnes

Voici les symptômes nocturnes possibles:

  • Les ronflements: c’est un des symptômes les plus fréquents
  • Envie d’uriner la nuit: ces nycturies  sont liées aux pressions intrathoraciques provoquées lors des efforts inspiratoires avec des voies aeriennes fermées
  • Des sensations d’étouffement, qui durent quelques secondes
  • Des sueurs
  • Une sécheresse de la bouche

Symptômes diurnes

Les symptômes diurnes, c’est-à-dire présents pendant la journée peuvent être:

  • Une somnolence: en fonction de son importance, elle sera légère, modérée ou sévère.
  1. Somnolence légère : ce sont des épisodes de sommeil involontaire ayant peu de conséquences sur la vie socioprofessionnelle. Ces épisodes se déclenchent lors d’activités nécessitant peu d’attention, comme regarder la télévision, lire…
  2. Somnolence modérée : ce sont des épisodes de sommeil involontaire ayant une répercussion modérée sur la vie socioprofessionnelle et qui se déclenchent lors d’activités nécessitant plus d’attention, comme pendant une réunion par exemple
  3. Somnolence sévère : ce sont des épisodes de sommeil involontaire perturbant de façon importante la vie socioprofessionnelle et qui se déclenchent lors d’activités de la vie quotidienne, comme manger, tenir une conversation, marcher, conduire…
  • Des maux de tête le matin
  • Des troubles sexuels, avec notamment des troubles de l’érection chez l’homme
  • Un reflux gastro-oesophagien: il est significativement plus fréquent chez les personnes atteints de syndrome d’apnée du sommeil

Comment le diagnostiquer?

Le syndrome d’apnée du sommeil se confirme sur un IAH (Index d’Apnée Hypopnée) avec au moins 5 événements d’apnées ou hypopnées par heure pendant le sommeil, soit un IAH ≥ 5.

Selon l’American Academy of Sleep Medicine, le syndrome d’apnée du sommeil est confirmé sur la présence des critères A ou B associé à un IAH ≥ 5.

A : Somnolence diurne excessive non expliquée par d’autres facteurs

B : Deux au moins des critères suivants non expliqués par d’autres facteurs : ronflements sévères et quotidiens, sensation d’étouffement ou de suffocation pendant le sommeil, sommeil non réparateur, fatigue diurne, difficulté de concentration, nycturie (plus d’une miction par nuit)

 

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Le syndrome d’apnée du sommeil se diagnostique grâce à un enregistrement nocturne. Il en existe différents types et sont interprétés par des médecins pour confirmer ou non le diagnostic et pour évaluer la sévérité. Plusieurs paramètres sont enregistrés pendant le sommeil et le type d’enregistrement va dépendre du nombre de paramètres enregistrés. Au total, une dizaine de paramètres peuvent être enregistrés (électro-encéphalogramme, électro-oculogramme, électro-myogramme mentonnier, débits aériens naso-buccaux, efforts respiratoires, électrocardiogramme, oxymétrie, électromyogramme jambier, position, ronflements) mais il est rare de tout demander. Voici les différents types qui existent, en sachant que le type 1 n’est pas le plus fréquent, car généralement, on pose la machine avec les capteurs le soir au cabinet et le patient rentre chez lui dormir et ramène l’enregistrement le lendemain.

  • Type 1: La polysomnographie au sein d’un laboratoire ou d’un service, avec surveillance par un personnel formé
  • Type 2: c’est le type 1 mais à domicile
  • Type 3: : La polygraphie ventilatoire. Cet examen permet d’enregistrer l’oxymétrie, la fréquence cardiaque, les débits aériens naso-buccaux et un signal de mouvements respiratoires ou 2 signaux de mouvements respiratoires.
  • Type 4: l’oxymétrie nocturne, qui mesure les débits et l’oxymétrie

En fonction de l’IAH, le Syndrome d’apnée du sommeil est classé selon:

  • IAH entre 5 et 15: syndrome d’apnée du sommeil léger
  • IAH entre 15 et 30: syndrome d’apnée du sommeil modéré
  • IAH > 30: syndrome d’apnée du sommeil sévère

Quelles sont les complications?

Il existe un certain nombre de complications:

  • L’hypertension: elle est significativement plus présente chez les patients qui ont un syndrome d’apnée du sommeil et fait également partie des causes d’hypertension. Elle a une particularité dans ce contexte de SAS, c’est que la pression diastolique est plus élevée en permanence, alors que la pression systolique est plus élevée la journée
  • Une atteinte des coronaires: les patients ayant un syndrome d’apnée du sommeil ont plus de risques de développer une maladie coronarienne. De plus, le risque de récidive d’infarctus du myocarde ou de décès après une intervention des coronaires est plus élevé chez les patients ayant un syndrome d’apnée du sommeil
  • Les troubles du rythme cardiaque: ils sont également plus élevé en cas de syndrome d’apnée du sommeil, avec également des risques de récidive plus grand après traitement
  • L’insuffisance cardiaque: la prévalence du syndrome d’apnée du sommeil est plus élevée chez les patients insuffisants cardiaques
  • Les accidents vasculaires cérébraux: plusieurs études ont associé le syndrome d’apnée du sommeil à la gravité, la récurrence ainsi qu’à une augmentation de la mortalité en cas d’accident vasculaire cérébral
  • Augmentation du mauvais cholestérol: un majoration du LDL cholestérol est associé à aune augmentation du risque cardiovasculaire
  • Augmentation du risque de diabète de type 2
  • Les lésions oculaires: les patients atteints de syndrome d’apnée du sommeil ont plus de risque de développer des troubles visuels par atteintes métaboliques et artérielles
  • Augmentation du nombre d’accident, en lien avec la somnolence au volant
  • Augmentation des troubles cognitifs
  • Et en découle du fait de tous ces risques et complications, une augmentation de la mortalité

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Quels sont les traitements?

L’HAS recommande de traiter les personnes qui présentent un syndrome d’apnée du sommeil avec un IAH >15 avec au moins trois des symptômes suivants : somnolence diurne, ronflements sévères et quotidiens, sensation d’étouffement ou de suffocation pendant le sommeil, fatigue diurne, nycturie, céphalées matinales.

Il existe deux traitements reconnus pour le syndrome d’apnée du sommeil:

  • l’OAM: l’Orthèse d’Avancée Mandibulaire, qui est indiquée pour les cas de syndrome d’apnée  avec un IAH entre 15 et 30. L’OAM est un dispositif dentaire, qui permet une fois en place de maintenir la mâchoire inférieure avancée pour libérer l’air au niveau du pharynx
  • La PPC: ou ventilation à Pression Positive Continue, qui est indiquée lorsque l’IAH > 30 ou entre 15 et 30 s’il y a un sommeil de mauvaise qualité (au moins 10 micro-éveils par heure de sommeil) ou une maladie cardiovasculaire grave associée. C’est  le traitement de référence des apnées obstructives du sommeil. La machine insuffle de l’air en pression positive à travers un masque nasal, ce qui permet de maintenir les voies aériennes ouvertes

Il existe parfois des traitements chirurgicaux, mais très peu utilisés. Parmi les différentes options chirurgicales, il existe la stimulation du nerf hypoglosse à l’aide d’un pacemaker, ce qui permet de contracter la base de la langue et donc de libérer les voies aériennes supérieures.

La prescription initiale de l’OAM ou de la PPC ne peut être faite que par un pneumologue ou par un médecin ayant fait une formation spécialisée pour les troubles du sommeil.

Par contre, le renouvellement peut être fait par un médecin généraliste, mais uniquement pour les patients qui suivent bien leur prise en charge par la PPC et qui la supporte bien.

Conclusion

Le Syndrome d’apnée du sommeil, qui touche presque 4% de la population française, nécessite d’être pris en compte et en aucun cas sous-estimé. En cas de symptômes nocturnes ou diurnes décrits ci-dessus, n’hésitez pas à consulter votre médecin traitant pour en discuter avec lui: il pourra au besoin, après évaluation, vous orienter vers un pneumologue pour une analyse plus poussée. Si vous avez un traitement pour le syndrome d’apnée du sommeil, ce dernier s’accompagne toujours des règles hygiénodiététiques, avec notamment une perte de poids, ce qui permettra de diminuer votre risque cardiovasculaire à long terme.

Bibliographie

https://www.has-sante.fr/jcms/c_1761160/fr/apnees-du-sommeil-de-nouvelles-recommandations-de-prise-en-charge-des-patients#:~:text=La%20HAS%20recommande%20de%20traiter,sommeil%2C%20fatigue%20diurne%2C%20nycturie%2C

https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02493493/document

http://www.bichat-larib.com/publications.documents/4914_GUERAN_These.pdf