Comment marche la Contraception d’urgence ?

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La contraception d’urgence est défini par la Haute Autorité de Santé (HAS) comme une méthode contraceptive d’urgence qu’une femme peut prendre afin d’éviter la survenue d’une grossesse non désirée après un rapport sexuel non ou mal protégé. Chaque femme doit être informée de la possibilité d’utiliser cette contraception d’urgence et des situations dans lesquelles elle peut être amenée à la prendre. Dans les situations concernant des rapports sexuels non protégés, au-delà du risque potentiel de grossesse géré par cette contraception d’urgence, il est tout aussi important de s’occuper de l’aspect infectieux avec le risque d’infections sexuellement transmissibles (IST), qui ne cessent d’augmenter.

Cette méthode de contraception a été mise sur le marché en France en 1999. Et depuis, on observe une augmentation de son taux d’utilisation. Environ 6.2% des femmes âgées entre 15 et 49 ans ont utilisé une contraception d’urgence au cours des 12 derniers mois: 21,4% concerne les 15-19 ans et 9,8% les 20-24 ans.

La contraception d’urgence permet de prévenir 95% des grossesses lorsqu’elle est bien prise.

Nous allons voir ensemble ce qu’est exactement cette contraception d’urgence, dans quelles situations la prendre, comment elle marche, où se la procurer et quels sont ses effets indésirables?

La contraception d’urgence, c’est quoi?

La contraception d’urgence est un traitement contraceptif d’urgence afin d’éviter la survenue d’une grossesse après un rapport à risque (rapport non protégé ou mal protégé). Elle doit donc être prise rapidement pour être le plus efficace possible. Plus le délai de prise en charge est faible, plus la méthode est efficace.

Il y a deux types de contraceptions d’urgence: les pilules du lendemain et le stérilet au cuivre.

Les pilules du lendemain:

Il en existe deux:

  • Le lévonorgestrel (Norlevo®), c’est un progestatif qui doit être utilisé dans les 72 heures après le rapport à risque. C’est une dose unique de 1,5 mg per os, soit un comprimé.
  • L’acétate d’ulipristal (EllaOne®), qui est un modulateur sélectif de la progestérone et qui peut être pris jusqu’à 120 heures après le rapport à risque. C’est une dose unique de 30 mg per os, soit un comprimé.

Le stérilet au Cuivre

Ce DIU (Dispositif Intra-Uterin): c’est le deuxième moyen de contraception d’urgence. S’il est inséré dans les 5 jours qui suivent le rapport à risque, son efficacité est proche de 100%.

 

Il est important de rappeler que ces contraceptions d’urgence sont uniquement une méthode de rattrapage. Elles n’ont pas pour vocation d’être utilisées de façon régulière, notamment en raison du risque d’échec plus important que les contraceptions régulières habituelles.

Par ailleurs, cette contraception d’urgence ne rend pas stérile. La fertilité n’est pas atteinte avec la prise de ces traitements.

Dans quelles situations prendre la pilule du lendemain?

Ces contraceptions d’urgence peuvent être prises dans les situations suivantes, lorsqu’il y a eu un rapport non ou mal protégé:

  • Absence de contraception en cours
  • Mauvais usage ou échec d’une méthode contraceptive: oubli de pilule, retard de patch, rupture d’un préservatif masculin, féminin, d’un diaphragme ou d’une cape cervicale
  • Expulsion d’un stérilet
  • Échec de la méthode du retrait ou autre méthode naturelle
  • Échec de l’utilisation de spermicide
  • Après une agression sexuelle en l’absence de contraception

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Où se la procurer?

Pour les deux types de pilule du lendemain:

  • Elles sont disponibles sans ordonnance en pharmacie et gratuites pour les mineures. Pour les femmes majeures, il est possible d’avoir la pilule du lendemain sans ordonnance en pharmacie: elle coûte en moyenne 5€ pour le levonogestrel et un peu moins de 20€ pour l’ulipristal. Elles sont remboursées en cas de prescription médicale
  • Elles sont également disponibles auprès des infirmier(e)s scolaires: délivrance anonyme et gratuite pour les élèves (mineures ou majeures) des collèges et lycées
  • Dans les Centre de Planification et d’Education Familiale (CPEF): délivrance anonyme et gratuite pour les mineures et pour les majeures sans couverture sociale
  • Dans les Services Universitaires de Médecine Préventive et de Promotion de la Santé (SUMPPS): délivrance anonyme et gratuite pour les étudiantes
  • Elle peut être prescrit par un médecin généraliste, une sage-femme ou un gynécologue. Elle est remboursée à 65%.

La HAS souhaiterait élargir cette gratuité aux garçons mineurs afin de partager les responsabilités des hommes et des femmes en matière de contraception.

Pour le DIU au cuivre (ou stérilet): Ce type de contraception d’urgence n’est que sur prescription. Cela nécessite donc une consultation auprès d’un médecin généraliste, un gynécologue ou une sage-femme et est remboursé à 60%.

Comment ça marche?

Le Norlevo®

C’est un progestatif qui inhibe ou retarde l’ovulation. C’est un seul comprimé à prendre une seule fois jusqu’à 72 h (3 jours) après un rapport sexuel non ou mal protégé. Ceci étant, il est préférable de la prendre dans les 12 h après le rapport, à n’importe quelle période du cycle menstruel sauf en cas de retard des règles.

Il est contre-indiqué chez les femmes qui ont une hypersensibilité au levonogestrel entre autre. Les autres contre-indications sont détaillées dans cet article sur les pilules.

Quelques précautions sont nécessaires dans les cas suivants, mais ce n’est pas une contre-indication:

  • Il est déconseillé chez les femmes qui ont un antécédent de salpingite ou de grossesse extra-utérine
  • S’il y a un allaitement en cours, il est conseillé de ne pas allaité dans les 8 heures suivant la prise de levonogestrel. Il est donc recommandé d’allaiter juste avant la prise du comprimé
  • Il peut y avoir des interactions médicamenteuses avec certains autres médicaments, notamment des inducteurs enzymatiques: anticonvulsivants (phénobarbital, phénytoïne, primidone, carbamazépine), rifabutine, rifampicine, griséofulvine, ritonavir, millepertuis
  • Il est déconseillé d’associer cette pilule du lendemain à l’autre pilule du lendemain (ulipristal acétate)

Des effets secondaires peuvent parfois apparaître, il sont généralement modérés et de courte durée : troubles des règles (spotting, retard de règles ou règles en avance), fatigue, nausées, vomissements, douleurs abdominales, diarrhée, maux de tête, vertiges, tension mammaire.

L’EllaOne®

C’est un modulateur sélectif des récepteurs à la progestérone. Il permet également l’inhibition ou le retardement de l’ovulation. C’est un comprimé à prendre une seule fois jusqu’à 120 h (5 jours) après un rapport sexuel non ou mal protégé, à n’importe quelle période du cycle menstruel, sauf en cas de retard des règles.

Il est contre-indiqué chez les femmes qui présentent une hypersensibilité à l’ulipristal acétate.

Les précautions à prendre en compte:

  • Non recommandé en cas d’insuffisance hépatique sévère
  • Déconseillé en cas d’asthme sévère insuffisamment contrôlé par un glucocorticoïde oral
  • S’il y a un allaitement en cours, il est recommandé de ne pas allaiter pendant une semaine. Par contre, pour maintenir l’allaitement, il est recommandé de tirer et jeter le lait maternel afin de maintenir la stimulation de la lactation
  • Il peut y avoir des interactions médicamenteuses à prendre en compte avec entre autre des inducteurs enzymatiques: anticonvulsivants (phénobarbital, phénytoïne, primidone, carbamazépine), rifabutine, rifampicine, griséofulvine, ritonavir, millepertuis), avec d’autres contraceptions hormonales (estroprogestatives ou progestatives seules: réduction possible de l’action contraceptive)
  • Il n’est pas recommandé d’associer les deux pilules du lendemain, il est donc déconseillé de l’associer au levonogestrel

Certains effets secondaires peuvent se déclarer: ce sont les mêmes que le Norlevo, avec en plus à signaler des troubles de l’humeur, des douleurs musculaires, des douleurs dorsales ou pelviennes.

 

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Le DIU au Cuivre

Ce stérilet est mis en place dans la cavité utérine par un médecin ou une sage-femme. Il agit en ayant un effet cytotoxique sur les gamètes, ce qui limite ainsi la fécondation. De plus, il entraîne le développement d’une inflammation locale au niveau de l’endomètre, empêchant l’implantation dans l’utérus de l’ovocyte fécondé. Il peut être posé jusqu’à 120 h (5 jours) après un rapport sexuel non ou mal protégé.

Il est contre-indiqué chez les femmes ayant des malformations utérines, une infection en cours ou des saignements inexpliqués.

Une femme nullipare, c’est-à-dire n’ayant jamais eu d’enfants, n’est pas une contre-indication à la pose d’un stérilet. Il est donc tout à fait possible de poser ce type de contraception d’urgence chez une femme n’ayant pas eu d’enfant. Cela a comme avantage de mettre en place une contraception au long cours en même temps.

Par contre, avant la pose, il est généralement recommandé de vérifier l’absence d’infection (Chlamydias, Gonocoques).

Les effets indésirables de la pose de stérilet sont les suivants (peu fréquents mais possibles):

  • Expulsion du stérilet
  • Perforation de l’utérus (très rare)
  • Infections
  • Modifications des règles: saignements plus importants ou douleurs lors des règles

Il n’y a aucune interactions médicamenteuses.

Le stérilet nécessite ensuite un suivi: une consultation de contrôle sera faite 1 à 3 mois après. Puis une fois par an pour vérifier que tout aille bien et faire si nécessaire un frottis. En cas de douleurs pelviennes, de saignements ou d’infections gynécologique, il est important de consulter plus tôt.

Pour qui?

Cette contraception d’urgence s’adresse à toutes les femmes en âge de procréer, mineure ou majeure. En aucun cas, cette contraception d’urgence ne sera refusée. Pour les mineures, il n’est pas nécessaire d’avoir l’autorisation parentale.

C’est une contraception qui est délivré au cas par cas sur le moment. Il est parfois possible de l’avoir en prévention, mais pas en systématique car les études ne montrent pas son efficacité quant à la diminution des grossesses non prévues. Cela est envisageable pour les femmes qui partent à l’étranger par exemple ou pour celles qui ont un accès difficile aux centres qui délivrent cette contraception.

Conseils

Parallèlement à la pilule du lendemain, voici quelques conseils et informations supplémentaires:

  • Il est conseillé d’utiliser une autre méthode contraceptive comme des préservatifs jusqu’au début des règles suivantes
  • Il est possible d’avoir une avance ou un retard de règles
  • Il est recommandé de faire un test de grossesse si les règles ne surviennent pas dans les 5 à 7 jours après la date attendue, ou en cas de saignements anormaux à la date prévue des règles, ou en cas de signes évocateurs de grossesse (retard de règle, nausées, seins tendus). Les centres de planification ou d’éducation familiale fournissent des tests de grossesse gratuits aux jeunes filles mineures et aux femmes majeures non assurées sur le plan social
  • En cas de vomissements survenant dans les 3 heures suivant la prise du comprimé ou en cas de fortes diarrhées, il est recommandé de reprendre immédiatement un comprimé
  • Un bilan des IST (Infections Sexuellement Transmissibles) est vivement recommandé en cas de rapport non protégé (VIH, syphilis, hépatites B, hépatite C, gonocoque et Chlamydia)
  • Il est possible d’utiliser plusieurs fois la contraception d’urgence au cours d’un même cycle, mais ce n’est pas recommandé. Si c’est une situation qui se répète, il est recommandé de mettre en place une contraception régulière

Conclusion

La contraception d’urgence est encore assez méconnue, parfois par manque d’informations. Le rôle des pharmaciens dans ces situations est primordial, car ils sont souvent les premiers interlocuteurs des femmes en situation parfois de détresse et de stress. L’information est fondamentale ainsi que l’orientation si nécessaire vers des professionnels: médecin généraliste, gynécologue, médecins des CPEF (Centre de Planification et d’Education Familiale) ou des CDAG (Centres de Dépistage Anonymes et gratuit) pour informer, conseiller, mettre en place une contraception régulière au besoin et dépister les IST (Infections Sexuellement transmissibles) en présence d’un rapport sexuel non protégé.

Bibliographie

https://www.has-sante.fr/jcms/c_1759990/fr/contraception-d-urgence-dispensation-en-officine#toc_1_1

https://www.has-sante.fr/jcms/c_1754842/fr/contraception-durgence

https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2013-04/fiche-contraception-urgence.pdf

https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-03066257/document

https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/emergency-contraception