La Rosacée: Quels sont les Signes?

la-rosacee-c-est-quoi-maladie-de-peau

La rosacée est une maladie de peau assez fréquente, qui est malheureusement chronique avec un retentissement esthétique non négligeable. Elle touche plutôt les personnes à peau claire, avec une prédominance féminine (sex ratio: 1/2, soit un homme pour deux femmes touchées).

C’est une maladie des petits vaisseaux, qui selon les stades, donne des symptômes parfois extrêmement gênants. Il existe plusieurs sous-type de rosacée, avec des traitements, qui varient en fonction des stades.

Anciennement appelée « goutte rose », son nom a évolué pour devenir « couperose ». Elle était parfois confondue avec de l’acné ou souvent associée à tort à un alcoolisme chronique… Cette maladie est selon le stade très difficile à vivre, lié essentiellement au regard des autres.

Alors, voyons ensemble ce qu’est exactement la rosacée, les différents types, les diagnostics différentiels et enfin les traitements possibles.

Qu’est-ce que la rosacée?

Description

  • C’est une maladie des petits vaisseaux
  • Touche deux femmes pour un homme
  • Débute rarement avant 30 ans, avec une fréquence qui augmente petit à petit jusqu’à 45 ans chez les femmes. Quasiment inexistante chez l’enfant
  • C’est une maladie chronique
  • Peut évoluer tout au long de la vie en s’aggravant progressivement en cas d’absence de prise en charge adaptée, avec possibilité de poussées
  • Se manifeste par différents symptômes décrits ci-dessous en fonction du type de rosacée: rougeur du visage, avec bouffée vasomotrice, télangiectasies, papulo-pustules, épaississement cutané avec formation de nodule, notamment au niveau du nez

Causes

La physiopathologie de cette maladie n’est pas parfaitement connue. Raison pour laquelle les traitements agissent plutôt sur les symptômes que sur la cause sous-jacente. Ceci étant, il existe une susceptibilité génétique à laquelle se rajoutent des facteurs externes connus favorisant le développement de cette maladie.

Certains mécanismes peuvent expliquer la symptomatologie observée en fonction des types de rosacée:

  • Pour le type 1 érythémato-télangiectasique: la réponse du corps aux facteurs favorisants serait une réponse immunitaire: cette dernière provoque une inflammation, responsable d’une vasodilatation qui se manifeste par des érythèmes transitoires. De plus, un dérèglement neurovasculaire serait responsable des flushs. Lorsque ces phénomènes deviennent chroniques, le corps va refabriquer de nouveaux vaisseaux, responsable des télangiectasies et de l’érythème persistant.
  • Pour le type 2 papulo-pustuleux: la réponse inflammatoire du système immunitaire provoquerait la formation de ces papules et putules
  • Pour le type 3: l’épaississement cutané avec la formation à terme de nodule serait lié à la prolifération des glandes sébacées

Il existe donc d’une part des prédispositions personnelles et d’autre part des facteurs favorisants.

Les prédispositions sont :

  • Une susceptibilité génétique: touche plutôt les personnes de type nordique à peau claire, yeux clairs et cheveux clairs
  • Une origine vasculaire, avec une hyperréactivité des vaisseaux du visage, porteurs d’une anomalie de fonctionnement
  • La présence du Demodex Folliculorum: acarien vermiforme qui vit dans les follicules pileux. Il est fréquemment retrouvé sur la peau des personnes atteintes de rosacée et favoriserait l’inflammation locale

Les facteurs favorisants la rosacée sont les suivants:

  • L’alcool: une surconsommation régulière d’ alcool aggrave significativement la rosacée
  • La chaleur: toute modification thermique brutale peut favoriser le développement de la rosacée, un travail en présence d’une source de chaleur ou avec des changements de température importants
  • Le climat: l’exposition au vent, au froid et au soleil sont aussi des facteurs connus
  • Les aliments: les épices ou les boissons chaudes peuvent aggraver des symptômes de rosacée, notamment les bouffées vasomotrices
  • Les émotions: une émotion forte ou un stress important sont des facteurs connus d’aggravation des symptômes

 

parasite-qui-favorise-l-inflammation-dans-la-rosacee

Les différents type de rosacée

Il existe 4 sous-types de rosacée qui ont été proposé par le National Rosacea Society Expert Committee.

Le sous-type 1: érythémato-télangiectasique

C’est la forme vasculaire la plus fréquente: appelé aussi « couperose », elle se caractérise par des rougeurs du visage, surtout localisées au niveau des joues et du nez. Le front et le menton peuvent parfois être atteints, contrairement au contour des yeux et de la bouche. Ces rougeurs, plutôt permanentes, peuvent être accompagnées d’une sensibilité de la peau un peu exacerbée au froid, à l’eau, au savon et même aux cosmétiques.

De petits vaisseaux très fins, rouges plus foncés, voire parfois violets, peuvent se développer: c’est ce que l’on appelle les télangiectasies.

Et enfin, cette couperose peut s’accompagner de bouffées vasomotrices, appelées aussi flushs: le visage et le cou deviennent d’un coup très rouge avec une sensation de chaleur importante. Cela peut durer quelques minutes ou quelques heures, mais ils cèdent toujours spontanément. Ces flushs sont souvent déclenchés par les changements de température, le soleil, la prise d’alcool, un stress important, une émotion forte, les épices ou encore un effort sportif.

Le sous-type 2: papulo-pustuleux

Sur cette couperose, peuvent se développer ensuite des papules ou des pustules. Les papules sont de petite lésions de quelques millimètres, rouges, surélevées, parfois sensibles. Leur développement est relié à l’invasion de la glande sébacée par le parasite Demodex Folliculorum.

Les pustules, quand à elles, ressemblent à des petites lésions d’acné et se développent en dehors de tout contexte infectieux.

Ces éruptions évoluent par poussées et les lésions s’aggravent progressivement au fil du temps.

Le sous-type 3: le phyma

Dans cette forme rare, la rougeur du visage s’accompagne d’un épaississement cutané important, irrégulier et boursouflé au niveau du nez: c’est le rhinophyma. Cela touche plus souvent les hommes, avec un impact psychologique très important. Cette complication de la rosacée peut s’accompagner de papulopustules sur le reste du visage.

Le sous-type 4: la forme oculaire

La rosacée oculaire peut précéder parfois de plusieurs années la forme cutanée de la rosacée. Elle peut se manisfester par des brûlures oculaires, avec des sensations de grains de sable dans les yeux, pouvant évoquer une conjonctivite. Différentes atteintes peuvent être possible: conjonctivite, blépharite, kératite, chalazion. Des télangiectasies sur les paupières peuvent être présentes, une hyperhémie conjonctivale (œil rouge) ou encore quelques irrégularités visibles sur le bord des paupières. Le patient peut se plaindre de sécheresse oculaire avec une sensation de corps étranger dans les yeux, de sensations de brûlures, de vision trouble ou encore d’une hypersensibilité à la lumière (photophobie).

 

quelles-sont-les-differentes-formes-de-la-rosacee

 

Les diagnostics différentiels

La rosacée peut être confondu avec d’autres diagnostics possibles:

  1. L’acné: la rosacée a longtemps été confondu avec de l’acné. Cette dernière touche en général des personnes plus jeunes. Contrairement à la rosacée, l’acné comprend dans sa physiopathologie une séborrhée, la présence de comédons ou de kystes superficiels ou profonds. La rosacée se limite au visage, alors que l’acné peut s’étendre à la partie haute du thorax, dans le dos.
  2. La dermatite séborrhéique: il n’est pas toujours évident de les distinguer car ces deux maladies de peau peuvent être concomittantes. La dermatite séborrhéique se caractérise par des lésions érythématosquameuses au niveau des plis nasogéniens, de la glabelle, des sourcils et du cuir chevelu.
  3. Le lupus érythemateux: cette maladie auto-immune peut donner des atteintes au visage: c’est le vespertilio. Cela peut être confondu avec une rosacée, concentrée essentiellement au niveau malaire, c’est-à-dire au-dessus des joues. Le lupus n’a jamais de pustules ou de flushs.
  4. La rosacée induite: appelée aussi rosacée stéroidienne, elle apparaît suite à l’application prolongée de corticoides sur le visage. Elle se présente sous la forme d’un érythème du visage important (rougeur) avec des télangiectasies.

Les traitements de la rosacée

Les traitements dépendront du stade de la rosacée. Un avis dermatologique sera recommandé pour adapter au mieux la prise en charge. Avant de balayer les différents traitements, des règles d’hygiène de base sont indispensables:

  • Éviter les facteurs déclenchants
  • Prendre soin de sa peau: nettoyage doux et hydratation légère. Éviter les gommages, peelings, les cosmétiques type fond de teint occlusif et gras
  • Protéger sa peau contre le soleil

Les différents traitements sont les suivants:

Forme érythmato-télangiectasique

  • Le gel de brimonidine à 0,3 %, mis sur le marché en 2015: diminue la rougeur du visage par une vasoconstriction cutanée directe. Il est efficace une dizaine d’heures environ, d’où une application conseillée le matin pour couvrir la journée.
  • Les béta-bloquants: ces médicaments sont efficaces contre les flushs
  • Pour les télangiectasies: le traitement par laser à colorant pulsé (Nd YAG) est recommandé, car l’efficacité est durable. La deuxième possibilité est l’électrocoagulation des vaisseaux

Forme papulo-pustuleuse

  • Des traitements topiques locaux sont toujours prescrits: les plus courants sont le métronidazole (type Rosex) et l’acide azélaïque (en préparation magistrale). Dernièrement l’ivermectine en crème est apparue sur le marché: elle aurait une action plus ciblée sur le Demodex
  • Des traitements médicamenteux per os: la doxycycline. Ce sont des antibiotiques bien connus, mais leur utilisation au long cours est discutable, en raison d’antibiorésistance et de photosensibilité. En cas de forme sévère et récalcitrante de rosacée, l’utilisation de petites doses d’isotrétinoïne est efficace.

Au stade de rhinophyma

Les traitements ci-dessus sont généralement inefficaces. Dans ces cas-là, un traitement par chirurgie et laser au CO2 seront utilisés. Ils agissent sur les hyperplasies sébacées et donc diminuent le volume global du nez.

Forme de rosacée oculaire

Le traitement de référence de cette forme oculaire est la doxycycline. Parfois des traitements locaux spécifiques seront ajoutés en fonction des symptômes.

Conclusion

La rosacée est une maladie de peau à ne pas sous-estimer, car c’est une maladie chronique, avec possibilité d’aggravation et associée à un retentissement psychologique non négligeable. Prendre soin de sa peau est un élément essentiel, comme consulter le plus tôt possible pour prendre en charge rapidement et de manière adaptée les symptômes.

Bibliographie:

https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2016/revue-medicale-suisse-512/rosacee-ou-en-sommes-nous

https://dermato-info.fr/fr/les-maladies-de-la-peau/la-couperose-et-la-rosac%C3%A9e

https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/rosacee-couperose/traitement-rosacee-couperose

https://www.msdmanuals.com/fr/professional/troubles-dermatologiques/acn%C3%A9-et-pathologies-apparent%C3%A9es/rosac%C3%A9e