La médecine psychédélique: état des lieux

La médecine psychédélique, longtemps considérée comme un domaine controversé et stigmatisé, connaît un regain d’intérêt en France et dans le monde entier. Les psychédéliques, des substances psychoactives capables d’altérer profondément la perception et la conscience, ont suscité un vif intérêt dans le domaine médical pour leurs potentiels effets thérapeutiques dans le traitement de divers troubles psychiatriques. En France, où ces substances ont été interdites depuis des décennies, la recherche sur les bienfaits thérapeutiques des psychédéliques est en train de gagner en reconnaissance et suscite un débat autour de leur utilisation potentielle dans la pratique médicale. Cet article examinera l’évolution de la médecine psychédélique en France, un zoom sur la psylocybine et la MDMA, les études et l’état des lieux en dehors de la France.

Qu’est-ce que la médecine psychédélique?

La médecine psychédélique est un domaine de recherche médicale qui explore l’utilisation de substances psychédéliques à des fins thérapeutiques. Les psychédéliques sont des substances psychoactives qui ont la capacité d’altérer profondément la perception, les émotions et la conscience d’une personne. Ces substances agissent principalement sur le système nerveux central en ciblant spécifiquement les récepteurs de la sérotonine dans le cerveau.

Les psychédéliques les plus connus comprennent la psilocybine (principe actif des champignons hallucinogènes), le LSD (acide lysergique diéthylamide), la mescaline (principe actif du peyotl et du san pedro), la DMT (diméthyltryptamine), et la MDMA (également connue sous le nom d’ecstasy, bien que cette dernière appartienne à une classe différente, les empathogènes).

Pendant les années 1950 et 1960, les psychédéliques ont suscité un intérêt important dans le domaine médical et de la recherche psychiatrique. Ils étaient utilisés pour traiter divers troubles mentaux, y compris la dépression, l’anxiété, le stress post-traumatique et les addictions. Cependant, en raison de problèmes d’abus et de la montée de la contre-culture des années 1960, de nombreuses substances psychédéliques ont été interdites et leur utilisation médicale a été largement abandonnée.

Au cours des dernières décennies, il y a eu un regain d’intérêt pour les psychédéliques dans le domaine de la recherche médicale. Des études préliminaires et des essais cliniques ont été menés pour évaluer leur efficacité dans le traitement de différents troubles psychiatriques, notamment la dépression résistante, le trouble de stress post-traumatique (TSPT), l’anxiété liée à une maladie en phase terminale et les addictions. Ces études ont montré des résultats prometteurs, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle exploration de leur utilisation potentielle dans le domaine médical.

Il est important de noter que l’utilisation de psychédéliques à des fins thérapeutiques est toujours sujette à des contrôles stricts et est réalisée dans le cadre d’études cliniques contrôlées et supervisées. Les psychédéliques ne sont pas recommandés pour une utilisation récréative, car leur effet peut être imprévisible et potentiellement dangereux en dehors d’un cadre médical contrôlé. Les recherches actuelles se concentrent sur la compréhension des mécanismes d’action de ces substances et sur la manière de les intégrer en toute sécurité et de manière éthique dans des protocoles de traitement pour les troubles de santé mentale spécifiques.

Zoom sur la psilocybine et la MDMA

il y avait un intérêt croissant pour l’utilisation de psychédéliques, tels que la psilocybine (le composé actif des champignons hallucinogènes) et la MDMA (également connue sous le nom d’ecstasy), dans le cadre de la recherche sur le traitement de la dépression et du stress post-traumatique (TSPT).

Dans certains pays, des essais cliniques sont en cours pour évaluer l’efficacité et la sécurité de ces substances pour le traitement des troubles mentaux. Il y a des résultats prometteurs issus de certaines études, suggérant que l’utilisation contrôlée de psychédéliques pourrait avoir un potentiel thérapeutique dans ces domaines. Toutefois, il était important de noter que ces recherches sont encore en cours et qu’il faudrait des essais supplémentaires pour établir pleinement leur efficacité et leur sécurité.

La psilocybine

La psilocybine est un composé chimique psychoactif présent dans certaines espèces de champignons hallucinogènes, également appelés champignons magiques, champignons psychédéliques ou simplement « psilocybes ». Ces champignons font partie du genre Psilocybe et de quelques autres genres apparentés.

Voici quelques détails sur la psilocybine :

1. Structure chimique : La psilocybine est un alcaloïde indolique, c’est-à-dire qu’elle appartient à une classe de composés qui ont un noyau indole dans leur structure. Sa formule chimique est C12H17N2O4P.
2. Propriétés psychoactives : La psilocybine est considérée comme un psychédélique, ce qui signifie qu’elle induit des altérations profondes de la perception, de la pensée, de la conscience et des émotions chez ceux qui la consomment. Les effets de la psilocybine peuvent inclure des hallucinations visuelles et auditives, une augmentation de la sensibilité émotionnelle, une perception altérée du temps et de l’espace, ainsi qu’une connexion accrue avec son propre esprit et la nature.
3. Métabolisme : Lorsque la psilocybine est ingérée, elle est métabolisée dans l’organisme en psilocine, le principal composé psychoactif actif. C’est la psilocine qui est responsable des effets psychédéliques ressentis après la consommation de champignons hallucinogènes.
4. Historique et utilisation : Les champignons contenant de la psilocybine ont été utilisés depuis des milliers d’années à des fins cérémonielles, religieuses et chamaniques dans différentes cultures à travers le monde. Ils ont une longue histoire d’utilisation dans les rituels spirituels chez certains peuples autochtones d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. Aujourd’hui, ils sont également consommés pour des raisons récréatives et thérapeutiques.
5. Recherche médicale : La psilocybine a fait l’objet d’un intérêt renouvelé dans la recherche médicale, en particulier dans le domaine de la médecine psychédélique. Des essais cliniques ont été menés pour étudier l’efficacité de la psilocybine dans le traitement de la dépression, de l’anxiété liée à une maladie en phase terminale, du trouble obsessionnel-compulsif (TOC) et du trouble de stress post-traumatique (TSPT). Les premiers résultats de ces études sont prometteurs, montrant que la psilocybine pourrait être une option thérapeutique potentielle pour certains troubles de santé mentale.
6. Statut légal : La psilocybine, en tant que substance psychoactive, est généralement classée comme un stupéfiant dans de nombreux pays, y compris en France, ce qui signifie qu’elle est illégale à posséder, à cultiver ou à vendre. Cependant, certains pays ont assoupli leurs lois sur les champignons psychédéliques à des fins de recherche médicale, ce qui a permis de mener des études sur leurs propriétés thérapeutiques.

La MDMA

La MDMA (abréviation de 3,4-méthylènedioxyméthamphétamine) est une substance psychoactive qui appartient à la classe des amphétamines et des empathogènes. Elle est plus communément connue sous le nom d’ecstasy lorsqu’elle est consommée sous forme de comprimés ou de pilules. Voici plus de détails sur la MDMA :

1. Structure chimique : La MDMA est un composé organique dérivé de l’amphétamine. Sa formule chimique est C11H15NO2. Elle se présente sous forme de poudre cristalline ou de cristaux de couleur blanche ou légèrement jaunâtre.
2. Propriétés psychoactives : La MDMA est principalement réputée pour ses effets stimulants et empathogènes. Elle agit en augmentant les niveaux de sérotonine, de dopamine et de noradrénaline dans le cerveau, ce qui conduit à des sensations de bien-être, d’euphorie, d’ouverture émotionnelle et de sentiment de connexion avec les autres.
3. Utilisation récréative : La MDMA est souvent consommée lors de soirées, de festivals ou d’événements sociaux pour ses effets psychédéliques et stimulants. Les utilisateurs peuvent ressentir une augmentation de l’énergie, une augmentation de la sociabilité et une sensibilité accrue aux stimuli sensoriels.
4. Historique : La MDMA a été synthétisée pour la première fois dans les années 1910 par un chimiste allemand, mais ce n’est qu’à partir des années 1970 qu’elle a commencé à être utilisée à des fins récréatives. À cette époque, elle était utilisée dans les cercles de psychothérapie pour ses propriétés empathogènes, mais son utilisation en dehors du cadre médical s’est répandue dans les années 1980 et 1990, entraînant des préoccupations concernant sa sécurité et sa légalité.
5. Recherche médicale : Malgré son utilisation récréative, la MDMA a suscité un intérêt croissant dans le domaine de la recherche médicale en raison de ses effets sur la régulation des émotions et des relations interpersonnelles. Des études cliniques ont été menées pour évaluer son potentiel thérapeutique dans le traitement du trouble de stress post-traumatique (TSPT) chez les vétérans et d’autres populations. Ces études ont montré des résultats prometteurs, avec une réduction significative des symptômes du TSPT chez certains patients.
6. Statut légal : La MDMA est généralement classée comme une substance illégale dans de nombreux pays, y compris en France, en raison de son potentiel d’abus et de ses effets néfastes sur la santé lorsqu’elle est consommée de manière récréative. Cependant, certaines études cliniques contrôlées sur la MDMA sont autorisées dans certains pays dans le cadre de la recherche médicale.

Il est important de noter que la consommation récréative de ces substances peut présenter des risques pour la santé, et que toute utilisation devrait être abordée avec prudence et sous supervision médicale appropriée.

Les études réalisées:

1. Psilocybine pour le traitement de la dépression :
   • L’Université de New York a mené un essai clinique de phase 2 sur l’utilisation de la psilocybine pour traiter la dépression chez les patients atteints de cancer en phase terminale. Les résultats préliminaires ont montré des améliorations significatives de l’humeur et de la qualité de vie chez certains participants.
   • L’Université de Yale a également mené des essais cliniques sur l’utilisation de la psilocybine pour le traitement de la dépression résistante au traitement. Les chercheurs ont signalé des résultats prometteurs, montrant des effets positifs sur l’humeur et la dépression chez certains participants.

1. MDMA pour le traitement du trouble de stress post-traumatique (TSPT) :

1. • La Multidisciplinary Association for Psychedelic Studies (MAPS) a mené des essais cliniques de phase 3 sur l’utilisation de la MDMA pour le traitement du TSPT chez les vétérans et les premiers intervenants. Les résultats préliminaires ont montré que la MDMA assistée par thérapie pouvait réduire les symptômes du TSPT de manière significative.
   • D’autres essais cliniques, y compris des études en Europe et en Amérique du Nord, ont également été menés pour évaluer l’efficacité et la sécurité de la MDMA pour le traitement du TSPT.

Il est important de noter que des essais cliniques sont toujours en cours et que études supplémentaires seront nécessaires afin d’évaluer l’efficacité thérapeutique et la balance bénéfice-risque de ces molécules. La recherche sur l’utilisation de psychédéliques à des fins thérapeutiques est encore en évolution…

Etat des lieux en dehors de la France

La Therapeutic Goods Administration en Australie a légalisé l’utilisation médicale de ces deux substances psychédéliques, la psilocybine (principe actif des champignons hallucinogènes) et la MDMA (contenue dans l’ecstasy), pour le traitement de la dépression résistante et du trouble de stress post-traumatique (TSPT).

Cette décision a suscité des débats au sein de la communauté scientifique et médicale, opposant les partisans de la médecine psychédélique et les critiques qui jugent ces thérapies encore trop expérimentales pour être intégrées aux soins courants.

Le mouvement de réhabilitation de la médecine psychédélique a émergé ces dernières années, permettant des recherches sur le potentiel thérapeutique de ces molécules dans le traitement de divers troubles psychiatriques. Les études ont montré que la psychothérapie assistée par les psychédéliques peut être efficace et bien tolérée, avec des effets potentiellement plus rapides et durables que les traitements conventionnels.

Cependant, la prudence est nécessaire pour leur utilisation en pratique clinique, car la plupart des données proviennent de petites cohortes d’individus avec un suivi limité dans le temps. Seule la MDMA a fait l’objet d’une étude de phase 3 publiée, tandis que celle sur la psilocybine est encore à venir. Les résultats, bien que prometteurs, doivent être confirmés par des études plus vastes et approfondies.