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Il existe en France un dépistage organisé permettant la recherche de lésions précancéreuses au niveau du col de l’utérus. Le but est de dépister cela avant que la maladie n’apparaisse: c’est de la prévention. Ce dépistage repose sur le frottis et la recherche d’HPV (Human Papilloma Virus). Les modalités de ce dépistage ont changé en 2019 avec de nouvelles recommandations de la HAS. L’organe ciblé pour ce dépistage est le col de l’utérus. L’utérus est un organe en forme de poire inversée, dont la partie inférieure, plus étroite, est appelée le col: il fait la jonction entre le corps de l’utérus et le vagin.
Après un bref rappel sur le cancer de l’utérus, nous allons voir ce qu’est le frottis, la recherche d’HPV, comment cela se fait en pratique, ainsi que d’autres informations complémentaires.
Table des matières
Le cancer du col de l’utérus se place au 12ème rang des cancers les plus fréquents chez la femme. Chaque année, environ 3000 femmes développent un cancer du col et 1000 femmes en meurent.
La majorité de ces cancers est liée à une infection persistante du virus HPV (Human Papilloma Virus) à haut risque oncogène. L’infection par ce virus est très fréquente et se transmet par voie sexuelle. Il existe plusieurs sous-types d’HPV, dont 12 sont à haut risque oncogène (favorisant le développement de cancer). Les plus fréquemment retrouvés dans les cas de cancer du col de l’utérus sont les HPV 16 et 18. La présence d’HPV est un facteur majeur, mais pas forcément suffisant: il existe d’autres facteurs qui peuvent interagir, comme le tabac, l’infection par le VIH, la contraception hormonale prolongée, la multiparité…
Le dépistage par le frottis et la recherche d’HPV permet de rechercher la présence de ce virus ainsi que des anomalies cellulaires déjà présentes. Même si le nombre de nouveaux cas de cancers du col par an est en diminution, la couverture du dépistage reste insuffisante. En effet, moins de 60% des femmes ont eu recours à ce dépistage.
Le cancer du col de l’utérus peut apparaître à tout âge avec un âge médian de découverte à 53 ans. Ceci étant, on observe que le nombre de nouveaux cas entre 20 et 40 ans est en augmentation.
En terme de pronostic, ce dernier est dit « intermédiaire », avec une survie nette de 86 % à 5 ans et de 76 %, à 10 ans.
En pratique, le frottis et la recherche d’HPV se fait lors d’un examen gynécologique. Il doit se faire en dehors de tout saignement (donc en dehors des règles) et en dehors de toute infection. Pour exposer le col de l’utérus, le professionnel de santé va introduire un spéculum dans le vagin pour pourvoir avoir accès au col de l’utérus. Une fois en place, le professionnel va simplement frotter le col avec une brosse (image-ci-dessous). Cette brosse à usage unique est en matériel extrêmement flexible et donc totalement indolore. Sa forme permet d’épouser le col de l’utérus et d’avoir accès non seulement aux cellules de l’endocol (à l’intérieur du col), de l’exocol (partie extérieure du col) et de la jonction (zone entre les deux). Le prélèvement consiste simplement à tourner cette brosse sur le col, sans douleur. Une fois le prélèvement fait, la brosse est trempée dans un liquide (frottis en phase liquide) pour récupérer tout le matériel prélevé, le conserver et le transporter. Enfin, ce flacon est envoyé dans un laboratoire d’analyse afin d’étudier le matériel prélevé au niveau anatomo-pathologique.
Le prélèvement peut être fait:
Le frottis se fait par prélèvement comme exposé ci-dessus. Lors de l’analyse au laboratoire d’anatomopathologie, un examen au microscope sera réalisé pour observer les cellules du col de l’utérus, à la recherche d’anomalies morphologiques. Lors de lésions précancéreuses au niveau du col de l’utérus, on peut observer des modifications au niveau des cellules. Le médecin anatomo-pathologiste rendra un compte-rendu en fonction du type d’anomalies observées. Selon le type d’anomalie, un examen complémentaire par colposcopie pourra être recommandé.
-> Le Frottis recherche donc au microscope les anomalies au niveau des cellules.
La recherche d’HPV (HPV-HR) se fait selon le même protocole de prélèvement en phase liquide. Sauf qu’au lieu de rechercher au microscope les anomalies cellulaires, le laboratoire va rechercher l’ADN des génotypes de papillomavirus humains (HPV) à haut risque oncogène. Cela permet donc de détecter directement la présence du virus HPV dans les cellules du col de l’utérus, pouvant entraîner des anomalies cellulaires et donc potentiellement des cancers du col de l’utérus. C’est une recherche moléculaire.
Si la recherche d’HPV est positive, alors une analyse au microscope des cellules prélevées sur le même prélèvement sera faite pour rechercher des anomalies.
La recherche d’HPV se fait généralement par prélèvement comme décrit ci-dessus. Dans certains cas, ce test peut être réalisé à partir d’un auto-prélèvement vaginal.
-> Le test HPV-HR recherche donc l’ADN des virus HPV à haut risque oncogène
Le dépistage concerne toutes les femmes de 25 ans à 65 ans.
Selon les nouvelles recommandations de la HAS, la stratégie de dépistage est différente selon l’âge. Il est recommandé:
Si le frottis révèle des anomalies cellulaires, alors une recherche d’HPV sera faite. Si elle est négative, le schéma initial est repris. Si la recherche d’HPV est positive, un examen par colposcopie est recommandé. Cet examen (la colposcopie) est fait par un gynécologue.
La recherche d’HPV n’est pas recommandé en première intention chez les femmes de moins de 30 ans car les infections à HPV et les anomalies cellulaires transitoires sont fréquentes. Des résultats positifs pourraient entraîner des examens et des traitements inutiles pouvant entrainer plus tard un risque d’accouchement prématuré en cas de grossesse.
Voici les algorithmes récapitulatifs pour chaque situation:
Vous pouvez être informé de la nécessité de faire votre examen de dépistage:
En ce qui concerne les résultats: ils sont envoyés au médecin qui a pratiqué l’examen. En cas de résultat normal, donc si tout va bien, vous n’avez pas de nouvelles. Vous serez informées des résultats en cas d’anomalies pour avoir la conduite à tenir ou programmer des examens complémentaires si nécessaire.
Oui, pour les femmes au-delà de 30 ans pour qui la recherche d’HPV se fait en première intention. Ce n’est pas le plus fréquent, car souvent un examen gynécologique est nécessaire pour avoir un examen macroscopique par le professionnel de santé. Ceci étant, il peut être utile pour favoriser le dépistage lorsqu’il n’est pas fait pour des raisons variées.
Selon l’HAS: « Les résultats des différentes revues de la littérature menées sur l’auto-prélèvement vaginal amenaient à considérer cette modalité de prélèvement comme une alternative à l’examen cytologique. Globalement, les femmes préféraient en effet l’auto-prélèvement au prélèvement réalisé par un professionnel de santé. L’auto-prélèvement pourrait également permettre de faciliter le dépistage des femmes qui ne participent pas aux programmes actuels de dépistage ou difficiles à rejoindre pour des raisons diverses ».
Cette modalité existe donc, mais est généralement proposé aux femmes qui ne suivent pas le dépistage pour favoriser ce dernier.
Oui, les jeunes femmes ayant reçu la vaccination anti-HPV ne sont pas dispensées de ce dépistage. En effet, les vaccins ne protègent pas contre tous les virus responsables du cancer du col de l’utérus.
Normalement non, car il est déconseillé de faire un un examen gynécologique (toucher vaginal et examen au spéculum) chez une femme n’ayant jamais eu de rapports. De plus, les virus HPV se transmettant par voie sexuelle, il est donc rare de trouver un HPV chez une femme vierge. On attendra les premiers rapports pour effectuer un examen gynécologique. Ceci étant, c’est une prise en charge au cas par cas, et vous pouvez poser directement la question à votre médecin traitant.
Le frottis ou la recherche d’HPV est un dépistage du cancer du col de l’utérus entièrement pris en charge par la Sécurité Sociale pour toutes les femmes de 25 à 65 ans. Il est encore sous-utilisé pour des raisons variables. Vous pouvez consulter au besoin les questions-réponses mises à disposition par l’HAS. Ce type de prévention peut entièrement être faite par votre médecin généraliste, pas besoin d’attendre un délai de plusieurs mois parfois pour obtenir un rendez-vous avec votre gynécologue.
Bibliographie:
https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/cancers/cancer-du-col-de-l-uterus
https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2019-09/rapport_hpv_2019-09-09_14-20-44_251.pdf
Médecin généraliste de formation, diplômée de médecine manuelle (ostéopathie), je souhaite que vous ayez toutes les clés en main pour appréhender votre santé
