J’ai une hypothyroïdie, C’est Quoi?

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L’hypothyroidie est un problème de santé relativement fréquent, surtout chez les femmes. Elle a une prévalence plus élevée dans la population féminine, car elle touche trois fois plus les femmes que les hommes. Elle se définit par un déficit de synthèse d’hormones thyroïdiennes par votre glande thyroïde, c’est-à-dire que cette dernière n’en fabrique pas assez. Ceci a des conséquences sur l’ensemble de votre organisme, avec notamment un ralentissement général. La sécrétion des hormones thyroïdiennes est extrêmement bien régulée, notamment au niveau de l’hypophyse cérébrale.

Alors comment fonctionne cette thyroïde, quels sont les différents types d’hypothyroïdie, quels sont les symptômes, comment la détecter et que faire?

Le fonctionnement de la thyroïde

La thyroïde c’est quoi?

La thyroïde est une glande située sur la face antérieure du cou, au niveau du larynx et de la pomme d’adam. Elle a une forme de papillon avec deux lobes: le lobe droit et le lobe gauche qui sont reliés par l’isthme. Elle pèse entre 15 et 20g et est très vascularisée.

En temps normal, la thyroïde ne se voit pas. Par contre, on peut observer une grosseur diffuse au niveau du cou en cas de goitre ou une grosseur localisée en cas de nodule. La thyroïde peut être palpée par le médecin, notamment lors de la déglutition: votre médecin vous demandera d’avaler tout en ayant les doigts sur votre cou.

Cette glande est extrêmement importante pour l’organisme car elle a une action sur tout le métabolisme grâce aux hormones qu’elle sécrète.

  • Les deux hormones principales sécrétées par la thyroïde sont la T3 (Triiodothyronine) et la T4 (thyroixine ou Tétraiodothyronine). Elles sont sécrétées par 99% des cellules de la thyroïde.
  • 1% des cellules de la thyroïde (cellules para-vésiculaires) sécrètent une autre hormone: la calcitonine, qui régule le taux de calcium dans le sang.

Comment fonctionne la thyroïde?

La thyroïde va donc fabriquer les hormones thyroïdiennes T3 et T4. Pour cette fabrication, elle va nécessiter de l’iode. On en trouve dans le sel iodé, l’eau, les crustacés, le poisson et les laitages entre autre. Les tissus vont donc utiliser ces deux hormones avec principalement la T3 qui est l’hormone la plus active (une grande partie de la T4 est convertie en T3). La synthèse de ces hormones est stimulée par la TSH sécrétée par l’hypophyse, qui est elle-même régulée par la TRH au niveau de l’hypothalamus.

Leur synthèse est donc stimulée au niveau cérébral. A contrario, lorsqu’il y a suffisamment d’hormones thyroïdiennes dans le sang (ou trop), ces dernières inhibent la sécrétion de TRH et de TSH pour ralentir leur propre synthèse: c’est l’auto-contrôle ou le rétrocontrôle négatif. Cela permet une juste régulation du niveau d’hormones en périphérie dans le sang. Dans le cas contraire où il n’y a pas assez d’hormones thyroïdiennes circulantes dans le sang, le rétrocontrôle négatif n’est pas enclenché, donc il y a une augmentation de la TSH et de la TRH pour stimuler la synthèse d’hormones par la thyroïde.

 

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Ces hormones thyroïdiennes ont un impact sur:

  • Le système digestif: sur le tonus et la motilité de l’intestin
  • Le système cardiovasculaire: favorise un fonctionnement normal
  • Le système musculaire: permet un bon fonctionnement et un bon tonus musculaire
  • Le système reproductif et de lactation: permet le fonctionnement normal des organes de la reproduction et de la lactation
  • La peau et les poils (plus cheveux): permet l’hydratation et la fabrication de ces éléments tégumentaires
  • Le métabolisme de base: pour la régulation de la température car elles permettent la production de chaleur et elles accélèrent le métabolisme du corps en général
  • Le sucre: elles permettent de cataboliser les glucides (le sucre)
  • Le squelette: elles favorisent le développement et la maturation su squelette
  • Le système nerveux: elles sont indispensables pour le développement et la maturation du système nerveux chez le foetus et l’enfant ainsi que pour le bon fonctionnement chez l’adulte

Qui est le plus touché par l’hypothyroïdie?

Comme dit précédemment, les femmes sont plus touchées que les hommes.

  • 8% des femmes ont une hypothyroïdie
  • Elle touche moins de 1/1000 homme chaque année
  • 1 nouveau-né sur 3000 est touché par une hypothyroïdie congénitale
  • L’hypothyroïdie augmente avec l’âge: plus de 10% des femmes de plus de 60 ans ont une hypothyroÏdie
  • Après l’accouchement, en post-partum, environ 6% des femmes présenteraient une hypothyroidie transitoire ou thyroidite du post-partum. Cette dernière peut dans un cas sur 5 déboucher sur une hypothyroïdie  chronique
  • Les femmes présentant une maladie auto-immune ont plus de probabilité de faire une hypothyroidie également d’origine auto-immune
  • En présence d’antécédents familiaux: si vous avez dans votre famille des personnes atteintes d’hypothyroïdie, vous avez plus de chances d’en développer une

Les différents types d’hypothyroïdie

Une hypothyroïdie se définit par une baisse d’hormones T3 et T4 dans la circulation sanguine. Cette baisse peut-être liée à différents facteurs:

  • Soit c’est un problème au niveau de la thyroïde elle-même: c’est une hypothyroïdie périphérique (carence d’iode ou excès d’iode, inflammation auto-immune de la thyroïde…)
  • Soit le problème est d’origine cérébral avec une baisse de la synthèse de TRH et de TSH: c’est une hypothyroïdie d’origine centrale (adénome hypophysaire par exemple)

Cette hypothyroïdie peut être présente dès la conception avec un retentissement sur le développement foetal et plus tard si elle n’est pas détectée: c’est une hypothyroïdie congénitale. Mais elle peut être acquise plus tard à l’âge adulte pour différentes raisons, comme le développement d’une pathologie auto-immune (thyroïdite de Hashimoto le plus fréquent), soit en lien avec des médicaments….

Hypothyroïdie congénitale

C’est l’hypothyroïdie du nouveau-né: elle touche un enfant sur 3000. Généralement, elle est due à une anomalie de la formation de la thyroïde pendant la grossesse. Parfois, elle peut être en lien avec un traitement contre l’hyperthyroïdie chez la maman pendant la grossesse.
Pour dépister cela et éviter tous les dégâts possibles que l’hypothyroïdie peut engendrer chez l’enfant (entre autre retard de croissance et retard mental), un dépistage systématique est fait au 3ème jour de vie de chaque nouveau-né (Test de Guthrie). Cela permet de traiter de manière précoce toute hypothyroïdie diagnostiquée à ce stade.

Hypothyroïdie auto-immune

Assez fréquente chez la femme, c’est une hypothyroïdie périphérique. Elle est liée à une inflammation de la thyroïde par des auto-anticorps: c’est-à-dire que notre organisme fabrique des anticorps contre son propre tissu thyroïdien: c’est la thyroïdite d’Hashimoto. Elle peut survenir sur un terrain favorisant l’auto-immunité, mais peut aussi survenir après un stress ou une virose. Elle survient plutôt chez la femme autour de 40 ans, et représente 50% des hypothyroïdies. C’est généralement irréversible et le traitement est à vie.

La carence en iode

La fabrication des hormones T3 et T4 nécessite de l’iode: donc en l’absence d’iode, pas de synthèse d’hormones et c’est l’hypothyroïdie. C’est assez fréquent dans les pays qui n’ont pas de sel iodé.

De plus, une alimentation riche en choux, en manioc insuffisamment cuit, en soja, en arachide ou encore en patates douces peut bloquer la fixation de l’iode dans la thyroïde. Donc les populations avec ce type d’alimentation qui en plus n’ont pas de sel iodé ont un grand risque de développer une hypothyroïdie avec un goitre.

 

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Surcharge en iode

La surcharge en iode, aussi étonnant que cela puisse paraître, est également une cause d’hypothyroïdie. Cela peut être d’origine alimentaire: comme par exemple au Japon, où l’alimentation est très riche en iode notamment en raison des algues qu’ils mangent. Ou cela peut être en cas d’exposition à l’iode radioactif. En effet, suite aux accidents nucléaires (Tchernobyl ou Fukushima), l’exposition à l’iode radioactif a été importante.  Ce dernier se fixe au niveau de la thyroïde et détruit les cellules qui produisent les hormones thyroïdiennes T3 et T4. Cela entraîne donc inévitablement une baisse de production des hormones thyroïdiennes et donc une hypothyroïdie.

L’hypothyroïdie après une hyperthyroÏdie

Parfois l’hyperthyroïdie peut être traitée par iode radioactif, par chirurgie ou encore par traitement médicamenteux avec des anti-thyroïdiens de synthèse. Quelque soit le traitement, il y a une diminution du nombre de cellules qui produisent les hormones thyroïdiennes et donc il s’en suit généralement une hypothyroïdie. Cela représente jusqu’à 40% des hypothyroïdies. C’est une hypothyroïdie définitive, qui sera supplémentée par des hormones à vie.

La thyroïdite de De Quervain

C’est une inflammation de la thyroïde qui se manifeste par des douleurs cervicales intenses. Elle est précédée généralement d’une hyperthyroïdie transitoire avant la phase d’hypothyroïdie, qui elle aussi est généralement transitoire.

Hypothyroïdie centrale

Dans les cas d’hypothyroidie centrale, la cause du problème se situe au niveau du cerveau, lorsqu’il n’y a pas assez de TSH pour stimuler la thyroïde. C’est donc généralement une atteinte au niveau de l’hypophyse, qui peut être de diverses origines. Cela peut être en lien avec une tumeur de l’hypophyse, une maladie invasive (comme la sarcoïdose par exemple), un syndrome de Sheehan (nécrose de l’hypophyse dans les suites d’une hémorragie après l’accouchement en post-partum), une radiothérapie cérébrale pour traiter des tumeurs, des séquelles de méningite, de traumatisme crânien ou encore d’hémorragie méningée…. L’hypothyroïdie d’origine centrale est rare et touche environ 5% des hypothyroïdies.

Hypothyroïdie iatrogène

Certains traitements peuvent entraîner comme effet secondaire un dérèglement de la thyroïde avec parfois une hypothyroïdie: par exemple l’amiodarone, le lithium, l’interféron, les anti-thyroïdiens de synthèse, l’iode 131 ou encore des traitements utilisés en cancérologie les anti-tyrosine kinase. Il peut arriver parfois qu’une hypothyroïdie apparaisse après une radiothérapie au niveau du cou.

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Les symptômes de l’hypothyroïdie

Les hormones thyroïdiennes ont un impact sur le métabolisme du corps en général, donc cela peut entraîner des symptômes diffus avec une tendance au ralentissement des fonctions.

Si vous avez certains symptômes parmi ceux ci-dessous, vous pouvez avoir une hypothyroïdie:

  • Fatigue (moins d’énergie)
  • Constipation: ralentissement du transit
  • Tendance à avoir froid (frilosité): en effet, la thyroïde a un impact sur la régulation de la température
  • Perte des cheveux et des poils
  • Peau plus sèche
  • Prise de poids
  • Myxoedème: infiltration cutanée
  • Visage « bouffi »
  • Présence parfois d’un goître dans la thyroïdite d’Hashimoto par exemple
  • Troubles du sommeil
  • Rythme cardiaque plus lent
  • « Baisse de l’humeur »: tendance plus facile à la dépression
  • Retard de croissance chez l’enfant: les hormones thyroïdiennes ont un rôle important dans le développement et la croissance de l’enfant. C’est une des raisons pour laquelle on dépiste systématiquement l’hypothyroïdie à la naissance.

Comment détecter une hypothyroïdie?

Biologie réalisée

Lorsque l’on suspecte une hypothyroïdie, le premier examen qui sera réalisé est une prise de sang. Votre médecin traitant vous prescrira un dosage de la TSH et de la T4 dans un premier temps. Le dosage de la T3 n’a aucun intérêt.

Plusieurs cas de figure peuvent apparaître:

  • Vous avez une TSH augmentée et une T4 normale: vous avez une hypothyroïdie frustre avec une atteinte au niveau de la thyroïde. C’est-à-dire que vous avez une hypothyroïdie que l’on appelle infra-clinique (avec peu ou pas de symptômes) et généralement dans ce cas, la TSH est peu élevée, le plus souvent entre 4 et 10 mUI/l
  • Vous avez une TSH augmentée au delà de 10 mUI/l et une T4 abaissée: vous avez une hypothyroïdie patente et symptomatique, qui nécessitera un traitement sans aucun doute
  • Vous avez une TSH et une T4 abaissées: vous avez une hypothyroïdie d’origine centrale. C’est parfois plus subtile que cela, notamment dans les dosages de la TSH qui peuvent parfois être normaux dans les atteintes centrales. Parfois une T4 abaissée avec une TSH normale peut aussi être d’origine centrale, mais d’autres symptômes permettront d’orienter vers cela.

Une fois le diagnostic général d’hypothyroïdie établi, d’autres examens seront pratiqués pour rechercher la cause de cette dernière (comme les anticorps anti-TPO pour la thyroïdite de Hashimoto) ou des anomalies associées comme une anémie ou une hypercholestérolémie (NFP, EAL…)

Autres examens complémentaires

Une échographie sera systématiquement réalisée: elle permet d’évaluer la morphologie de la thyroïde, de rechercher la présence de nodules, d’objectiver un goître, d’évaluer la vascularisation…. Elle permet un bilan initial et peut aider à poser un diagnostic.

Au-delà de l’échographie, il existe également la scintigraphie thyroïdienne, mais qui n’est pas du tout systématique. Elle sera indiquée dans certaines rares circonstances, prescrite généralement par l’endocrinologue. Cet examen a peu de place dans le bilan de l’hypothyroïdie.

 

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Que faire face à une hypothyroïdie?

Les médecins compétents pour gérer cette hypothyroïdie sont soit votre médecin traitant, soit un endocrinologue.

Le traitement dépendra de la cause et de l’importance de l’hypothyroïdie:

  • En cas d’hypothyroïdie centrale, le traitement sera fonction de la cause du problème
  • En cas d’hypothyroïdie périphérique, c’est-à-dire d’origine thyroïdienne: plusieurs possibilités:
  1. Soit vous avez une hypothyroidie frustre avec une TSH entre 4 et 10 mUI/l avec une T4 normale: il est recommandé dans un premier temps de refaire les dosages à distance pour confirmer ce diagnostic et discuter d’un traitement substitutif ensuite. Tout dépendra bien sûr de l’état clinique en fonction de l’intensité des symptômes: généralement dans ces cas-là, il y a très peu de symptômes, la découverte est fortuite. Si par contre les symptômes sont présents et gênants, un traitement sera proposé
  2. Soit vous avez une hypothyroïdie frustre avec une TSH au-delà de 10 mUI/l et une T4 normale: le traitement sera discuté
  3. Soit l’hypothyroïdie est patente avec une TSH augmentée > 10 mUI/l et une T4 abaissée: un traitement sera mis en place

Le traitement utilisé est la lévothyroxine (L-T4) ou Levothyrox. La substitution sera débutée à petites doses et un contrôle biologique sera réalisé 6 semaines après le début du traitement pour évaluer si le traitement est suffisant ou non. Une adaptation sera faite en fonction des résultats.

Lorsque vous avez commencé un traitement par hormones substitutives, il est important de garder toujours la même molécule pour éviter les déséquilibres qui peuvent être occasionnés par les excipients.

Par ailleurs, certains autres médicaments peuvent interagir avec la levothyroxine: par exemple le sulfate de fer , le carbonate de calcium, l’hydroxyde d’alumine, la cholestyramine, le phénobarbital, la carbamazépine, la rifampicine, la phénytoïne, la sertraline, la chloroquine ou encore les traitements hormonaux oestrogéniques comme pour la ménopause par exemple.

Quelques conseils:

  • Prenez votre Levothyroxine tous les jours à la même heure, le matin, environ 30 minutes avant votre petit-déjeuner
  • Veillez à toujours prendre la même molécule pour éviter tout déséquilibre de votre TSH
  • Évitez de prendre votre médicament avec des boissons à base de soja ou de café. En effet, ces dernières peuvent diminuer l’absorption des hormones thyroïdiennes
  • Privilégiez une alimentation variée et de bonne qualité, apportant une quantité suffisante d’iode mais pas en surplus non plus. Éviter toute surconsommation de compléments alimentaires riches en iode
  • Attention en cas de prise d’autres médicaments pour éviter toute interaction.

Conclusion

L’hypothyroïdie est une pathologie fréquente et bien prise en charge par les médecins généralistes et les endocrinologues. Dans la plupart des cas, c’est une pathologie bénigne. Alors si vous avez certains symptômes évocateurs d’une hypothyroïdie, n’hésitez pas à consulter votre médecin traitant dans un premier temps: il fera le bilan nécessaire et vous orientera si nécessaire vers un endocrinologue.