Le lait maternel

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Lallaitement maternel est l’approche la plus naturelle et la plus adaptée pour nourrir son enfant. En 2001, l’OMS a recommandé un allaitement exclusif pendant les 6 premiers mois puis une poursuite de cet allaitement en parallèle de la diversification jusqu’à 2 ans. C’est pour l’OMS l’un des moyens les plus efficaces de préserver la santé et d’assurer la survie de l’enfant, car c’est l’aliment idéal pour le nourrisson. Malgré les améliorations faites sur les laits artificiels, ces derniers ne seront jamais aussi parfaits que le lait maternel, tant dans sa composition que dans son adaptation au fil du temps. Les enfants allaités au sein développent moins de maladies en général. Parallèlement à cela, c’est le moins cher. Et malgré ces avantages, la France est le plus mauvais élève en terme d’allaitement.

Nous allons donc voir dans cet article les avantages nutritionnels du lait maternel avec sa composition puis l’évolution du lait maternel dans le temps. Dans un prochain article, nous ferons le point de tous les avantages de l’allaitement maternel.

La composition du lait maternel

Il faut savoir que nous faisons partie des mammifères et que chaque lait est spécifique pour chaque espèce. Il n’est donc pas échangeable, car sa composition est génétiquement déterminée. Donc quelque soit l’espèce, le lait fabriqué par la mère est le plus adapté pour son nourrisson. Il contient des protéines, des glucides, des lipides et des sels minéraux.

100 mL de lait maternel apportent 67 Kcal, ce qui est à peu près équivalent au lait de vache (65 Kcal) et au lait artificiel (70 Kcal).

Les protéines

Sur 100 ml de lait maternel, les protéines représentent 1g (contre 3,7 g pour le lait de vache et 1,7g pour les laits artificiels). C’est une proportion très faible par rapport aux autres espèces, mais elle est parfaitement adaptée pour le nourrisson, car cela permet une meilleure absorption et un apport adapté en fonction des besoins en acides aminés.

Les protéines sont essentiellement constituée de caséine et de protéines solubles.

  1. Parmi ces protéines, 40% sont représentés par la caséine. C’est un taux faible comparé au lait de vache, où la caséine représente 80%. Son faible taux permet une coagulation plus fine du lait maternel et donc une vidange gastrique plus rapide. De plus, la dégradation de la caséine libère des substances, qui favorisent la croissance des bifidobactéries dans le tube digestif du nourrisson.
  2. Les protéines solubles quand à elles, sont celles qui ne précipitent pas avec la caséine. Elles sont essentiellement composées:
  • D’immunoglobulines: ces protéines ont un rôle majeur pour les défenses immunitaires
  • De lactotransferrine: c’est une protéine de transport spécifique pour le fer: le fer maternel est capté grâce à cette protéine pour les besoins du nourrisson
  • De différents types de facteurs de croissance (Insuline-like Factor, facteurs de croissance leucocytaire, Epidermal Growth Factor…)
  • De protéines de liaison pour certaines vitamines (B9, B12, D…)
  • D’hormones: thyroxine, corticostéroïdes
  • De cytokines pro ou anti-inflammatoires

Quels-sont-les-nutriments-presents-dans-le-lait-maternel

Les glucides

Le lait maternel contient 7,5 g de sucre pour 100 mL de lait (contre 4,5 pour le lait de vache). Ces glucides sont composés de 85% de lactose et de 15% d’oligosaccharides. Ces derniers contiennent cinq types de sucres: le glucose, le galactose, le N-acétylglucosamine, le fucose (dérivé du galactose) et l’acide sialique. Ces oligosaccharides ont un double rôle: premièrement dans le développement de l’écosystème bactérien dans le système digestif au niveau du colon. Et deuxièmement sur le système immunitaire en protégeant contre certaines infections.

Comparativement au lait de vache, ce dernier ne contient que du lactose. En ce qui concerne les laits artificiels, ils contiennent en moyenne 75% de lactose, du glucose, du lactose, du saccharose, de l’amidon et 1,7 g de dextrine-maltose. Ce dernier est un produit transformé, qui a remplacé une partie du lactose, souvent responsable de gaz et de ballonnements chez le nourrisson. Il permet de ralentir la digestion et donc de rassasier les petits. Par contre, il a un index glycémique plus élevé, ce qui peut fatiguer le pancréas.

Les lipides

Le lait maternel contient 3,5g de lipides pour 100 mL de lait (autant que le lait de vache ou que certains laits artificiels mais avec une composition différente). La composition en lipides dans le lait maternel est plus adaptée pour le nourrisson avec une meilleure absorption. L’allaitement apporte des acides gras essentiels qui jouent un rôle dans la maturation cérébrale et rétinienne du nourrisson. De plus, la présence de cholestérol dans le lait maternel permet non seulement d’apporter les éléments nécessaires pour les structures membranaires des cellules, mais il permet aussi d’aider à la synthèse d’hormones.

Les sels minéraux

Le lait maternel apporte, dans 100 ml de lait, 210 mg de sels minéraux (sodium, calcium, phosphore et fer entre autre), ce qui est bien moins que le lait de vache ou les laits artificiels. Cette concentration en sels minéraux est parfaitement adapté pour le rein: cette faible charge osmolaire rénale représente en réalité une sécurité en cas de pertes hydriques importantes (diarrhées). Cela permet d’assurer le maintien de l’équilibre hydro-minéral.

Les composants protecteurs du lait maternel

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Les prébiotiques

La K-caséine, le lactose, la lactoferrine et les nucléotides favorisent le développement des bifidobactéries. De plus, le lait maternel, comme vu plus haut, contient des oligosaccharides: ces derniers sont directement métabolisés au niveau du colon du nourrisson avec la fabrication d’acides gras à chaine courte, qui entraînent une acidification locale intestinale, propice au développement des bifidobactéries.

Les probiotiques

Le lait maternel contient naturellement un certain nombre de germes: des bifidobactéries, des lactobacilles, des staphylocoques, des streptocoques, des microcoques ou encore des entérocoques: c’est la microflore naturelle du lait maternel.

Ces germes sont soit d’origine mammaire (aréole ou canaux galactophores), soit d’origine intestinale de la mère: en effet, il a été observé un cycle entéromammaire chez la mère avec un passage des germes de l’intestin aux seins.

Les agents anti-infectieux

Ils sont très nombreux et interagissent entre eux pour offrir une protection anti-infectieuse à large spectre. Les immunoglobulines, très nombreuses, surtout en IgA, protègent contre les germes de l’environnement mère-nourrisson. La lactoferrine a une activité antibactérienne et antivirale. Le lysozyme et la K-caséine ont une activité antibactérienne. Les oligosaccharides modifient l’adhésion aux muqueuses des bactéries et des virus. Par ailleurs, le lait maternel contient de nombreuses cellules immunitaires de la mère, comme les macrophages, des polynucléaires, des lymphocytes, qui restent actives dans l’intestin du nouveau-né et peuvent migrer vers d’autres tissus. C’est une défense non négligeable, qui diminue après le 6ème mois d’allaitement.

Les immunomodulateurs

Différentes molécules (lactoferrine, lysozyme, nucléotides, casomorphine, prolactine ou encore cytokines) ont un effet généralement stimulant sur la réponse immunitaire à différents niveaux.

Les substances anti-inflammatoires

La muqueuse de l’intestin du nourrisson est encore immature dans les premières semaines et elle réagit aux stimuli inflammatoires par une réaction inflammatoire excessive. Le lait maternel permet de contrer cela et de tempérer cette réaction inflammatoire par différentes substances anti-inflammatoires: comme les antioxydants, les prostaglandines E, des enzymes, des inhibiteurs de protéase, des facteurs de croissance ou des cytokines.

Les enzymes

Il y a différents types d’enzymes: des enzymes de protection ou encore des enzymes digestives, notamment la lipase et l’amylase. Ces dernières permettent une meilleure digestion chez les enfants allaités.

 

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L’évolution du lait maternel

La composition du lait maternel évolue non seulement

  • Dans le temps: c’est-à-dire que le lait à J3 est différent du lait à J30: selon l’âge de l’enfant, la composition évolue
  • Mais il évolue également au cours de la tétée

Variabilité dans le temps

  1. De J0 à J5: le lait maternel est appelé colostrum: beaucoup moins calorique que la lait mature, il a pour but de protéger le nourrisson tout en apportant tout ce dont il a besoin. Il est pauvre en lactose, en caséine et très riche en protéines solubles (dont oligosaccharides avec les immunoglobulines dont les IgA) donc avec un rôle immunitaire et antibactérien. Le colostrum s’adapte aux besoins du nourrisson: en effet, en cas d’accouchement prématuré, la phase de colostrum dure plus longtemps avec une concentration importante en lipides (acides gras poly-insaturés) indispensables à la maturation cérébrale de l’enfant. Il est riche en vitamine E et en sels minéraux, qui permettent de retenir l’eau à l’intérieur de l’organisme: cela permet de lutter contre la perte de poids des premiers jours. Il est également riche en hormones et enzymes, qui favorisent la digestion et le métabolisme au niveau du foie. Il contient aussi des facteurs de croissance tissulaire et facteurs stimulant le développement de bactéries intestinales impliquées dans le bon fonctionnement du système immunitaire digestif et la défense contre les infections
  2. De J6 à J12: c’est le lait de transition: le lait s’enrichit progressivement en lactose, en caséine et en lipides/ les protéines solubles quand à elles diminuent petit à petit
  3. Après J13, c’est le lait mature

Variabilité au cours de la tétée

Au cours de la tétée, la composition du lait évolue. Au début de la tétée, le lait est riche en eau, en sels minéraux en lactose et est peu calorique. Il permet une bonne hydratation. Puis progressivement, il s’enrichit en lipides et devient plus calorique.

Variabilité en fonction des apports de la mère

La composition varie peu en fonction des apports maternels. On a observé simplement un impact sur la quantité en acides gras et sur la concentration en certains micro-nutriments, comme les vitamines, l’iode et le sélénium.

Conclusion

La Nature a donné à chaque espèce la possibilité de nourrir sa descendance de manière exceptionnelle. Le lait maternel humain est différent de celui des autres espèces et est remarquablement adapté au nourrisson, particulièrement immature à la naissance. L’allaitement favorise entre autre la maturation intestinale, cérébrale chez les prématurés, la modulation immunitaire et un environnement microbien sain.

Les enfants allaités présentent moins de maladies en général et ont une mortalité moindre que les enfants recevant du lait artificiel. Les effets se prolongent dans le temps, car le lait maternel minimise les risques d’allergie, d’obésité, de maladie intestinale inflammatoire, de cancer et d’autres manifestations de type auto-immune. Le lait maternel a des propriétés uniques et inimitables et constitue donc l’aliment de référence pour le nouveau-né.

Bibliographie

http://www.bichat-larib.com/publications.documents/3423_THESE_TRIAA.pdf

https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/allaitement.pdf

https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/Allaitement_rap.pdf

https://www.amub-ulb.be/system/files/rmb/old/839